General Motors, Nissan et Renault ont annoncé des suppressions d'emplois ces dernières semaines. Certains constructeurs ont déjà réduit leur production ou, comme Skoda (groupe Volkswagen), décidé de revenir à leurs racines, en l'occurrence des berlines.

"L'Inde n'est pas un marché facile à pénétrer", a dit Guillaume Sicard, président of Nissan India, à Reuters après l'annonce de centaines de suppressions de postes à l'usine de l'alliance Renault-Nissan d'Oragadam, près de Madras dans le sud du pays.

Le marché indien a pourtant renoué avec la croissance sur l'exercice clos en mars et il a progressé chaque mois depuis, mais cette hausse a surtout bénéficié aux constructeurs locaux.

Alors que le marché a progressé de 5% sur les 12 mois à fin mars, les ventes de Renault, GM, Volkswagen, Skoda et Ford ont légèrement diminué. A l'inverse, Maruti Suzuki India a enregistré une hausse de 11% de ses ventes sur l'exercice écoulé et il a dans la foulée atteint en juillet une part de marché de 50% pour la première fois depuis plus de 10 ans.

Hyundai, l'autre marque la plus vendue en Inde, a aussi vu ses ventes augmenter de 11% en 2014/2015.

Souci supplémentaire pour la concurrence étrangère, les deux leaders du marché ont décidé de se lancer sur le segment des SUV où Nissan, Renault et Ford avaient des positions dominantes.

Maruti vient ainsi de lancer un crossover berline/SUV et Hyundai mise sur son nouveau véhicule Creta.

"UN MARCHÉ TRÈS SPÉCIAL"

Les grands constructeurs ont massivement investi en Inde, appâtés par le potentiel de développement de sa classe moyenne et la promesse de voir le pays devenir le troisième marché automobile mondial à l'horizon de 2020.

Mais leur offre insuffisante de petits modèles, leurs réseaux de distribution trop épars et leurs coûteux services d'après-vente ont détourné la clientèle.

Nissan a certes lancé l'an dernier sa marque bon marché Datsun mais sans penser à développer son réseau de concessions dans les petites villes, où la demande pour ce type de véhicules est la plus forte.

Les ventes ont aussi pâti de la réticence des Indiens à se lancer dans de grands achats alors que la reprise économique reste timide.

"Ils ont considéré l'Inde comme un marché où il fallait être, mais l'Inde est un marché très spécial", analyse Abdul Majeed, qui suit le secteur pour le cabinet de conseil Pwc.

"Le prix ne suffit pas, il faut aussi voir la consommation (d'essence) et tous les autres frais", ajoute-t-il.

Nissan et Renault ont fait savoir qu'ils lanceraient de nouveaux modèles, surtout dans l'entrée de gamme, et étendraient leur réseau de distribution.

General Motors, qui a annoncé le mois dernier l'arrêt d'une de ses deux usines indiennes, table de son côté sur le lancement de 10 nouveaux modèles de fabrication locale dans les cinq prochaines années.

GM entend parallèlement accroître ses importations, comme d'ailleurs Volkswagen et Ford qui visent aussi le marché local avec de nouveaux modèles compacts.

Pour Skoda, la priorité est de lancer trois berlines "premium" sur le marché indien l'an prochain, en augmentant la part locale d'ingénierie afin de contenir les coûts.

"Nous essayons de développer une approche plus hybride entre l'ingénierie indienne et la qualité européenne", a résumé Sudhir Rao, président de Skoda India.

(Véronique Tison pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

par Aditi Shah