(Bien lire au 2e paragraphe "désigner Renault comme société mère à des fins de divulgation")

TOKYO (Reuters) - Les actionnaires de Nissan Motor ont rejeté mardi, lors de l'assemblée générale annuelle du constructeur automobile japonais, une proposition d'un investisseur qui aurait conduit à la divulgation de l'accord détaillant son alliance avec Renault, détenteur de 43% de son capital.

Avant la réunion, cet actionnaire a proposé de désigner Renault comme la société mère de Nissan à des fins de divulgation, ce qui, selon la loi, obligerait à publier cet accord vieux de 23 ans qui détaille l'alliance financière et commerciale des deux constructeurs.

L'absence de publication de l'accord empêche les actionnaires de discuter de l'alliance, qui reste par conséquent "inégale", a déclaré cet investisseur. Nissan ne détient qu'une participation sans droit de vote de 15% dans Renault.

Les observateurs s'attendaient à voir le constructeur automobile français bloquer la proposition. Nissan a pourtant déclaré le mois dernier qu'il divulguerait le contenu de l'accord dans son rapport annuel sur les valeurs mobilières, dans la mesure où il ne viole pas une obligation de confidentialité.

La publication intégrale révélerait la portée de cet accord (Restated Alliance Master Agreement) conclu lorsque Renault a sauvé Nissan du bord de la faillite. L'accord, qui permet à Renault d'accroître sa participation à la gestion de Nissan, est depuis longtemps source de tensions.

L'alliance franco-japonaise, à laquelle s'est joint en 2016 Mitsubishi Motors Corp, a été fragilisée depuis fin 2018 par la disgrâce de son dirigeant historique Carlos Ghosn. Les deux constructeurs automobiles se sont depuis engagés à mobiliser davantage de ressources et à se rapprocher pour fabriquer des véhicules électriques (EV).

Renault a cependant déclaré en avril que toutes les options étaient envisageables dans le cadre de la réorganisation de ses activités en réponse à l'électrification rapide de l'industrie automobile, notamment une éventuelle cotation en bourse de son unité EV.

Pour Nissan, pionnier dans le domaine des véhicules électriques, il est trop tôt pour envisager la scission de sa division EV, a déclaré son directeur des opérations le mois dernier.

(Reportage Satoshi Sugiyama ; version française Dagmarah Mackos, édité par Jean-Stéphane Brosse)