TOKYO (awp/afp) - Le comité spécial pour améliorer la gouvernance de Nissan, mis en place dans la foulée de l'affaire Ghosn, a pointé dimanche, à l'issue de sa première réunion, "la concentration des pouvoirs" comme principal problème.

"Le but est d'identifier les raisons profondes derrière les graves agissements" dont est accusé Carlos Ghosn, a déclaré Seiichiro Nishioka, président du comité, lors d'une conférence de presse impromptue organisée dans la soirée à Tokyo.

Le bâtisseur de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, qui cumulait la présidence des trois compagnies avant son arrestation choc le 19 novembre, a été inculpé pour abus de confiance et autres malversations financières et se trouve toujours en détention dans la capitale japonaise.

Le comité, composé de sept membres (trois administrateurs externes de Nissan, dont Jean-Baptiste Duzan, ancien de Renault, et quatre experts indépendants), s'est réuni pendant quatre heures dimanche. Deux personnes liées à l'investigation de Nissan y ont témoigné.

"Une concentration excessive d'autorité dans les mains d'une seule personne, c'est ce qui a mené à cette situation. Pourquoi les actes de M. Ghosn n'ont-ils pas été stoppés sur une aussi longue période ?", a souligné M. Nishioka, juriste de formation.

"Comment en est-on arrivé là ? Quel système doit-on mettre en place" pour "empêcher à tout prix qu'une telle situation se reproduise à l'avenir ?", a pour sa part questionné le co-président, Sadayuki Sakakibara, ex-dirigeant de la fédération patronale Keidanren.

"A l'évidence, les contrôles ne fonctionnaient pas. Notre rôle est de fournir des recommandations pour avoir un système robuste de contrôle", a-t-il poursuivi.

Trois à quatre autres réunions sont prévues et le rapport final sera remis fin mars.

Parallèlement, une autre instance planche sur la nomination du remplaçant de M. Ghosn à la tête du conseil d'administration de Nissan.

Selon le quotidien économique Nikkei, Renault, premier actionnaire de Nissan (avec 43%), veut imposer son choix, ce qui risque de heurter le constructeur automobile japonais, très soucieux de son indépendance au sein de l'alliance née en 1999.

Le Nikkei, l'agence de presse Kyodo et la chaîne de télévision publique NHK ont par ailleurs affirmé dimanche que des représentants de l'Etat français, en visite cette semaine à Tokyo, avaient remis sur la table le scénario d'une fusion, qui hérisse au Japon. Ces informations contredisent cependant des propos du ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, qui a assuré qu'une modification de l'alliance automobile n'était "pas sur la table".

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