Carlos Ghosn pourrait rester en détention jusqu'à la fin de l'année car le parquet de Tokyo a l'intention de formuler une nouvelle accusation contre l'ancien président de Nissan concernant la sous-évaluation présumée de ses revenus, a rapporté le quotidien Sankei.

Les trois administrateurs indépendants de Nissan chargés de proposer un nom pour succéder à Carlos Ghosn ont reporté leur décision, a dit la source de Reuters.

Le constructeur japonais n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.

Le conseil d'administration de Renault, partenaire d'alliance de Nissan, doit pour sa part se réunir mercredi pour discuter de la crise actuelle, ont dit à Reuters deux sources proches du dossier.

Nissan a chargé Masakazu Toyoda, ancien haut fonctionnaire, Jean-Baptiste Duzan, ancien dirigeant de Renault, et la pilote automobile Keiko Ihara de sélectionner un candidat dont le nom doit être proposé aux six autres membres du conseil d'administration le 17 décembre.

Les changements au sein du conseil doivent être approuvés par les actionnaires.

Carlos Ghosn, 64 ans, est considéré comme l'architecte de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

LA DÉTENTION PEUT DURER DE FAIT DES MOIS

Avec un autre administrateur de Nissan, Greg Kelly, celui qui est encore PDG de Renault et de l'alliance est en détention depuis le 19 novembre. Carlos Ghosn est accusé de n'avoir déclaré qu'environ la moitié des quelque 10 milliards de yens (78 millions d'euros) de rémunération perçue sur une période de cinq ans allant jusqu'à 2010. Leur incarcération a été prolongée vendredi dernier jusqu'au 10 décembre.

Le quotidien Sankei, sans identifier ses sources, a rapporté mardi que le parquet avait l'intention de procéder le 10 décembre à une nouvelle mise en détention de Carlos Ghosn - et de Greg Kelly - pour avoir minimisé d'environ quatre milliards de yens sa rémunération entre 2015 et 2017.

Si la justice autorise une détention sans inculpation d'une durée maximale dans ce deuxième volet, Carlos Ghosn et Greg Kelly resteraient incarcérés jusqu'au 30 décembre.

Le parquet de Tokyo s'est refusé à tout commentaire sur l'article de Sankei.

Carlos Ghosn n'est pas en mesure de répondre lui-même publiquement aux accusations portées contre lui et le cabinet de son avocat, Motonari Otsuru, ne répond pas aux demandes de commentaires. Selon la chaîne de télévision japonaise NHK, l'ancien président de Nissan rejette les accusations à son encontre.

Au Japon, un suspect peut être maintenu en détention pendant 10 jours, période qui peut être renouvelée pour 10 jours supplémentaires si un juge l'autorise à la demande du parquet. A l'issue de cette période, le parquet doit inculper formellement le suspect ou le libérer.

Celui-ci peut cependant faire l'objet d'une nouvelle arrestation dans la foulée, ce qui a pour effet d'ouvrir une nouvelle procédure de maintien en détention. Le processus peut être répété et des suspects se trouvent ainsi parfois derrière les barreaux pendant des mois sans être inculpé et sans possibilité de libération sous caution.

(William Mallard, Dominique Rodriguez et Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et Bertrand Boucey)

par Chang-Ran Kim