TOKYO/PARIS (Reuters) - Renault et Nissan ont annoncé lundi un accord pour restructurer leur alliance vieille de plus de vingt ans passant par un rééquilibrage des participations croisées et l'investissement du groupe japonais dans la future entité électrique de son partenaire français.

"Après plusieurs mois de discussions constructives avec Nissan Motor Co. Ltd, Renault Group annonce aujourd'hui que, sous réserve de l'approbation de son conseil d'administration, il a franchi une étape majeure dans ses discussions sur la définition des nouvelles bases de leur partenariat", a dit Renault dans un communiqué.

Le groupe au losange a confirmé qu'il allait conserver une participation de 15% dans Nissan, contre 43% actuellement, transférant 28,4% de ses actions Nissan dans une fiducie française.

"Renault Group donnerait instruction au fiduciaire de vendre ces actions Nissan si les conditions économiques sont raisonnables pour Renault Group, dans le cadre d'un processus organisé et ordonné", a-t-il ajouté. La participation est évaluée à 3,8 milliards d'euros au cours actuel.

L'accord est assorti d'une clause de conservation. Nissan récupérerait pour sa part les droits de vote attachés à sa participation, une demande de longue date de la part du groupe japonais.

Il intervient après près de quatre mois de discussions intenses dont des sources ont dit à Reuters qu'elles ont été freinées par les inquiétudes de Nissan sur la protection des brevets technologiques qu'il a apportés à l'alliance alors que Renault multiplie depuis un an les partenariats avec d'autres acteurs de l'automobile.

MOMENT CRITIQUE

Depuis l'annonce par les deux groupes des négociations sur une restructuration de leur alliance début octobre, l'action Renault a pris près de 25% tandis que le titre Nissan n'a progressé que de 3%, conséquence de la perspective de la mise sur le marché d'un important volume d'actions.

A la Bourse de Paris, le titre Renault reculait lundi dans les premiers échanges de 3,8%, lanterne rouge du CAC 40 qui cédait 0,6% au même moment.

"Le marché attend peut-être plus de détails", observe Grégoire Laverge, gérant actions internationales chez Apicil Asset Management. "Et d'une certaine façon, cela acte l'échec de la précédente version de l'alliance".

Le partenariat entre Renault et Nissan, rejoint ultérieurement par Mitsubishi, est dans son format actuel étroitement lié à son architecte, l'ancien PDG Carlos Ghosn dont la disgrâce pour un scandale d'abus financier a mis en péril l'ensemble de l'alliance.

Son renouveau intervient à un moment particulièrement critique dans l'histoire de l'industrie automobile, avec la sortie du diesel puis de l'ensemble des motorisations thermiques pour basculer en une dizaine d'années vers le tout électrique.

Dans le cadre de l'accord, Nissan devrait d'ailleurs investir dans Ampère, la nouvelle entité réunissant les activités électriques de Renault dans le but de devenir "un actionnaire stratégique", ajoute le communiqué, sans plus de précisions.

Renault et Nissan ont également promis de poursuivre leurs investissements dans des projets clé en Amérique latine, en Inde, et en Europe, pour exploiter les synergies sur des marchés, des véhicules et des technologies. Des sources ont déjà dit à Reuters que ces "projets opérationnels à forte création de valeur" seraient au nombre de cinq environ, sur une liste de 10 à 15 proposés par Renault à Nissan.

(Reportage Maki Shiraki, Gilles Guillaume et David Dolan, avec Daniel Leussink, Satoshi Sugiyama et Sudip Kar Gupta; version française Jean Terzian et Blandine Hénault, édité par Kate Entringer)

par Maki Shiraki et Gilles Guillaume