Paris (awp/afp) - L'écart entre les taux d'emprunt français et allemand sur les marchés est revenu à son plus haut niveau depuis la dissolution en juin, signe des craintes des investisseurs sur le vote du budget et l'avenir du gouvernement.
Le rendement des emprunts de l'Etat français à 10 ans ressortait à 3,02% vers 15H20 GMT mardi et son équivalent allemand était à 2,21%.
L'écart, appelé "spread", s'élève à 0,81 point de pourcentage, au même niveau que fin juin, dans le sillage de la dissolution surprise de l'Assemblée nationale par le président français, Emmanuel Macron. Lundi, le "spread" a même dépassé ce plus haut en atteignant 0,83 point de pourcentage.
Cet écart de taux "constitue un indicateur de choix pour mesurer la confiance accordée à la France face à l'Allemagne et à ses perspectives" économiques, explique John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud.
"En cause, le projet de loi de finances, rejeté à l'Assemblée, a commencé son examen en séance publique au Sénat", a-t-il poursuivi.
Un vote solennel au Sénat est prévu le 12 décembre.
Puis sept députés et sept sénateurs tenteront de trouver un compromis sur le budget lors d'une commission mixte paritaire (CMP). S'ils y parviennent, la version finale du texte semble promise au 49.3 à son retour devant les députés. Et donc à une motion de censure examinée autour du 20 décembre.
Pour les marchés, "la question est de savoir si le Rassemblement National (RN) s'abstiendra lors du vote de confiance ou pas", explique Marine Mazet, stratégiste taux chez Nomura.
"Les partis du centre et de la droite vont voter pour Michel Barnier, le Nouveau Front Populaire (NFP) contre, et le RN se retrouve faiseur de roi", a-t-elle ajouté.
Dans ce contexte, savoir "combien de compromis Barnier va faire et combien cela va coûter" est source d'inquiétude pour les investisseurs, résume Marine Mazet.
Si le gouvernement tombe fin décembre, "l'instabilité politique et fiscale s'aggravera à un moment où il n'y aura que peu de liquidités sur les marchés, ce qui pourra donner lieu à des mouvements exacerbés", a détaillé la stratégiste.
D'ici là, la France a rendez-vous vendredi avec l'agence de notation Standard and Poor's qui doit livrer son verdict sur la note du pays.
Cette notation intervient au moment où la France fait toujours l'objet d'une procédure pour déficit excessif auprès de la Commission européenne.
Avec un déficit public en net dérapage, attendu cette année à 6,2% du produit intérieur brut selon Bruxelles, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l'exception de la Roumanie, et reste très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l'UE.
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