Il est vrai que ces derniers indiquent une baisse de moitié du profit d’exploitation consolidé, causée par une réévaluation des budgets de production planifiés pour la nouvelle série de bombardiers stratégiques B-21. 

Le contrecoup est vraisemblablement temporaire, et les autres fondamentaux restent bons : chiffre d’affaires de $9.5 milliards sur trois mois, contre $10.1 milliards l’an dernier à la même époque ; $10.8 milliards de nouvelles commandes qui portent le carnet de commandes à $93 milliards, contre $81 milliards il y a cinq ans ; et $800 millions retournés aux actionnaires sous forme de dividendes et, surtout, de rachats d’actions.

On note à ce sujet que le nombre d’actions en circulation diminue de 3% par rapport au premier trimestre 2024, et de presque 15% par rapport à il y a cinq ans. Ce rythme de « cannibalisation » est presque aussi impressionnant que celui de Lockheed, qui retire lui 17% de ses titres en circulation sur la période. 

A plus long terme, c’est-à-dire sur la décennie 2015-2024, Northrop a comme Lockheed significativement augmenté les retours de capital aux actionnaires : la distribution annuelle de dividendes a doublé, de $600 millions à $1.2 milliard, et plus de $18 milliards ont été orientés vers des rachats d’actions — pour le coup très bien séquencés puisque Northrop sort le bazooka chaque fois que le titre boit la tasse — sur la période. 

Le chiffre d’affaires du groupe devrait atteindre au moins $42 milliards en 2025, le profit par action $25, et le cash-flow libre $3 milliards. Ces dynamiques s’inscrivent dans la droite lignée des tendances observées ces dernières années. Malgré la réaction du marché, le premier trimestre n’indique donc pas d’inflexion profonde, du moins à ce stade.

Cela étant dit, la rumeur enfle à Washington que l’administration Trump prépare son « DOGE de la défense ». Après deux cycles entiers de consolidation, de nombreux observateurs s’inquiètent en effet de la structure oligopolistique — sur certains segments quasi monopolistique — du secteur, et de l’effet tant sur l’innovation que sur la compétitivité économique des différents programmes.

A l’instar de ses pairs Lockheed, Raytheon, Boeing et General Dynamics, avec qui il forme le « big five », Northrop n’échappe pas à la polémique. Celle-ci est même particulièrement vive dans son cas suite à l’attribution du méga-contrat Sentinel — le programme de dissuasion nucléaire qui vise à remplacer les célèbres missiles intercontinentaux Minuteman.