Zurich (awp) - Novartis a vu sa croissance stoppée par l'appréciation du billet vert au troisième partiel, quand sa rentabilité a été grevée par des frais de restructuration élevés. La direction reconduit néanmoins dans les grandes lignes sa feuille de route pour l'année en cours et au-delà.

Les recettes trimestrielles sont érodées de 4% à 12,54 milliards de dollars. Hors effets de change, le chiffre d'affaires s'est par contre enrobé de 4%.

Le coeur de métier Innovative Medicines a généré un chiffre d'affaires trimestriel de 10,30 milliards, en baisse de 3%. La contribution des génériques et biosimilaires de Sandoz, voué à une autonomisation prochaine, s'est étiolée de 7% à 2,24 milliards, énumère le compte-rendu diffusé mardi.

Facture salée

Dépréciations d'actifs à hauteur d'un demi-milliard et frais de restructuration pour quelque 400 millions ont amputé le résultat opérationnel d'un tiers à 2,17 milliards. La perte de la contribution du gros paquet d'actions au porteur de Roche a accentué encore la dégringolade du bénéfice net, de 43% à 1,58 milliard. Hors facteurs jugés exceptionnels toutefois, le résultat net de base n'a reculé que de 3% à 3,42 milliard.

"La hausse des coûts tient aussi au fait que notre transformation avance plus rapidement que prévu," a expliqué en téléconférence de presse le directeur général (CEO) Vasant Narasimhan. Le volet européen des consultations autour des 8000 suppressions de postes, dont 1400 en Suisse, envisagées au niveau mondial doit ainsi parvenir à terme au cours des prochains mois.

La volée de chiffres s'avère plus ou moins conforme aux projections des analystes consultés par l'agence AWP.

Sur les trois premiers partiels cumulés, le chiffre d'affaires s'est érodé de 1% à 37,9 milliards (+5% à taux de changes constants), quand le bénéfice net a dévissé d'un bon cinquième à 5,49 milliards.

Ajustements cosmétiques

L'objectif de croissance annuelle hors effets de changes au niveau du groupe comme d'Innovative Medicines demeure fixé autour de 5%. La rentabilité de la principale unité doit évoluer pour dégager un produit en hausse de 5 à 9%. Sandoz doit désormais afficher une croissance de 1 à 5%, contre presque plate au dernier pointage, tandis que l'excédent d'exploitation doit marginalement progresser au lieu de stagner. Le résultat opérationnel au niveau du groupe doit ainsi s'enrober environ 5%.

Le vaste programme de restructuration doit toujours déboucher à l'horizon 2024 sur des économies de l'ordre de 1,5 milliard. Bien que minime en 2022, le produit de ces économies doit à lui seul compenser le renchérissement d'ici la fin de l'année, pour l'approvisionnement énergétique tout particulièrement. Le coût total de la réorganisation est devisé à 1,2 milliard.

Si la performance d'ensemble s'avère à peu près conforme aux attentes, les ventes de plusieurs nouveaux piliers de croissance manquent singulièrement le coche, déplore Stifel. La banque d'investissement épingle notamment le Cosentyx en dermatologie, la thérapie génique Zolgensma contre l'amyotrophie spinale ou encore l'anticholestérol Leqvio.

Lors de la téléconférence, le patron a tenu à souligner le potentiel de croissance de ces produits. La thérapie génique Zolgensma contre l'amyotrophie spinale devrait pouvoir à moyen terme générer un chiffre d'affaires oscillant entre 1,5 et 2 milliards de dollars, grâce notamment à des nouveaux marchés.

L'anticholestérol Leqvio possède aussi toutes les qualités pour devenir un médicament engrangeant des recettes de plusieurs milliards, a affirmé Vasant Narasimhan.

Les analystes saluent quant à eux la confirmation des principales ambitions du béhémoth pharmaceutique.

A la Bourse, l'action Novartis a terminé en baisse de 0,18% à 77,84 francs suisses, dans un SMI en progression de 1,68%.

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