Zurich (awp) - Le géant pharmaceutique rhénan Novartis a réalisé sur les trois premiers mois de l'année une performance largement convenue. La direction temporise toujours sur l'avenir de Sandoz au sein du groupe et reconduit sa feuille de route pour l'ensemble de l'exercice. La restructuration lancée en début de mois risque de coûter leur poste à des milliers d'employés.

Le coeur de métier regroupé dans Innovative Medicines a modérément déçu avec des recettes en hausse cosmétique de 0,7% à 10,18 milliards de dollars à taux de change constant, malgré quelques bonnes surprises isolées. Sur le balan depuis l'automne dernier, la filiale génériques et biosimilaires Sandoz affiche par contre un rétablissement inespéré, s'enrobant de 2,1% à 2,36 milliards.

Le chiffre d'affaires au niveau du groupe a enflé de 1,0% à 12,53 milliards de dollars, en hausse cosmétique de 1,0%. Ramenée en dollars, la croissance a atteint 5%.

Les excédents prennent l'ascenseur

La rentabilité opérationnelle a suivi une pente à peine plus marquée. L'excédent d'exploitation (Ebit) de base a enflé de 3,2% à 4,08 milliards, indique le compte-rendu intermédiaire publié mardi. Le gain net effectivement comptabilisé a décollé de 32% à 2,22 milliards, porté notamment par les effets de la rétrocession d'un gros paquet d'actions au porteur Roche.

Pour l'ensemble de l'exercice en cours, la croissance et l'Ebit de base doivent toujours progresser autour de 5% à l'échelle du groupe comme d'Innovative Medicines. La rentabilité dans le coeur de métier doit évoluer plus rapidement que le chiffre d'affaires.

Le chiffre d'affaires de Sandoz risque de stagner en 2022 comme en 2021 déjà. Le recul de l'excédent de base doit néanmoins être ramené en dessous de 5%.

La direction s'octroie toujours jusqu'à la fin de l'année en cours pour arrêter une décision sur l'avenir de Sandoz au sein du groupe.

Milliers d'emplois sur la sellette

Le vaste chantier de transformation qui doit mener à des économies pérennes d'au moins un milliard par année dès 2024 hérite au passage d'un contremaître, avec l'engagement au 1er août au plus tard d'Aharon Gal au poste de responsable stratégie et croissance. Le futur tacticien et membre de la direction officie pour l'heure en qualité d'analyste au sein du cabinet londonien Sanford Bernstein, en charge du secteur biopharmaceutique aux Etats-Unis.

Le directeur général (CEO) Vasant Narasimhan a reconnu pour la première fois en téléconférence de presse que l'affinement et le rapprochement de certains domaines d'activités impliquera des coupes dans les effectifs, que le responsable plafonne à moins de 10'000 postes, sur les quelque 110'000 recensés par le groupe début février.

Nonobstant une restructuration mettant ouvertement l'accent sur les Etats-Unis, le siège en Suisse de la multinationale n'est pas menacé, a assuré le timonier.

Les analystes ne manquent pas de relever la déception chez Innovative Medicines comme la bonne surprise chez Sandoz. La bonne tenue des produits récemment lancés a été éclipsée par un déclin plus marqué qu'attendu des moteurs de ventes vieillissants en oncologie que représentent Glivec, Tasigna, Afinitor ou encore Sandostatin, analyse Eric Le Berrigaud, pour Stifel.

Chez Goldman Sachs, Keyur Parekh souligne que certains produits phares parmi lesquels Entresto, Lucentis ou Kesimpta ont marginalement dépassé les attentes.

A la clôture, la nominative Novartis s'est appréciée de 0,36% à 86,23 francs suisses, dans un SMI en baisse de 1,26%.

jh/ck