Pourquoi le titre recule-t-il ?

Les résultats du trimestre sont conformes aux attentes des analystes. Les investisseurs s'étaient réjouis dans un premier temps des chiffres de croissance du Wegovy, le médicament amaigrissant du groupe, qui n'a pas déçu, contrairement aux traitements d'Eli Lilly dans cette indication. Les ventes du Wegovy se sont envolées de 81 %, à 17,3 milliards de couronnes suédoises, soit 24,3 % de l'ensemble du chiffre d'affaires. Dans le diabète, l'Ozempic (42 % du chiffre d'affaires) a connu une croissance de 26 % et sa version orale, le Rybelsus (8 % du CA), a progressé de 23 %.

Au niveau de la profitabilité, le résultat d'exploitation grimpe de 28 % à 33,8 milliards de couronnes suédoises, ce qui est même un peu mieux que les prévisions du consensus des analystes.

Les investisseurs, vraisemblablement très satisfaits de ces chiffres, ont décidé de se jeter sur le titre à l'ouverture hier alors que les marchés montaient à l'unanimité après l'élection de Donald Trump.

Toutefois, les perspectives pour cette année ont été légèrement revues à la baisse. La fourchette de prévisions de croissance a été ramenée entre 23 % et 27 % contre 22 % à 28 % précédemment. Pour 2025, le directeur financier a évoqué une croissance de l'ordre de 10 %, ce qui serait bien moins que ce qu’a connu Novo Nordisk ces derniers exercices.

Depuis juin, Novo Nordisk a lâché 27 % !

Cette annonce d'une croissance un peu moins forte que prévu pour cette année et la prochaine porte un nouveau coup dur au titre qui n'a pas cessé de baisser durant l'été et le début de l'automne.

Une partie des pertes est certes attribuable à des prises de bénéfices après la folle envolée du titre lors des mois précédents. Toutefois, Novo Nordisk a connu plusieurs nouvelles qui ont refroidi les investisseurs.

Pêle-mêle, le Sénat américain est venu mettre la pression concernant les prix des traitements contre le diabète et l'obésité. Novo a subi le fait que ses principaux médicaments soient soumis à la loi américaine sur la réduction de l'inflation dans le cadre des négociations sur le programme Medicare destiné à assurer les personnes âgées de plus de 65 ans. En interne, il y a aussi eu de mauvais résultats de phase 2 pour le Monlunabant contre l'obésité ainsi qu'un échec pour un médicament cardiovasculaire, l'Ocedurenone. Enfin, une concurrence future pourrait venir d'autres acteurs qui se jettent corps et âme dans la recherche de médicaments amaigrissants, notamment Roche, Zealand Pharma et Viking Therapeutics.

La situation est toutefois à temporiser dans la mesure où la concurrence des autres laboratoires (hors Eli Lilly) est encore à des stades peu avancés. D'autre part, des prix réduits pour les médicaments pourraient avoir comme effet positif d'attirer davantage de patients.

Qu'en est-il de la suite ?

Malgré ce coup de mou, la première capitalisation européenne reste aux premières loges pour profiter de l'envolée du marché des médicaments amaigrissants et du diabète. Les experts estiment que le marché de l'obésité devrait représenter plus de 100 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie, soit dix fois plus que l'an dernier. Novo Nordisk est toujours très concentré sur des "problèmes de riches", à savoir l'augmentation de ses capacités de production pour être en mesure de répondre à la demande colossale. Il n'est donc pas à exclure que le Danois, historiquement prudent dans ses attentes, les relève par la suite pour 2025. Enfin, les médicaments de Novo Nordisk pourraient trouver de nouvelles débouchés sur d'autres pathologies dans les maladies cardiovasculaires et rénales, l'apnée du sommeil, la dépendance à l'alcool et même l'Alzheimer. Seul l'avenir nous dira ce qu'il en est, mais des résultats positifs en phase 1 ont déjà été obtenus dans la NASH, une maladie qui touche le foie.