PARIS (awp/afp) - Passé par BeIN Sports et NRJ, le streamer Domingo, fan de sport et de jeux vidéo, anime à 28 ans l'une des émissions les plus populaires de Twitch, avec une "liberté de ton" absente selon lui des médias traditionnels.

Pierre-Alexis Bizot, de son vrai nom, fait partie des "rares privilégiés" parvenant à vivre de leur activité sur la plateforme de vidéos en direct d'Amazon, où sa chaîne est suivie par 1,6 million de personnes, explique-t-il à l'AFP.

Depuis 2019, il y présente tous les mardis à 20H "Popcorn", le talk-show "le plus regardé au monde" sur Twitch, selon son co-producteur Webedia, avec des invités allant de Squeezie à Clara Luciani en passant par Thomas Pesquet.

"Sur l'ensemble de la soirée, généralement, 300.000 à 400.000 personnes passent nous voir", essentiellement des 15-35 ans, assure Domingo, évoquant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs à un même moment et quelque 3 millions de vues générées chaque semaine sur l'ensemble de ses réseaux sociaux.

Des audiences bien inférieures à des talks traditionnels comme TPMP ou Quotidien (1 à 2 millions de téléspectateurs chaque jour en moyenne) mais qui peuvent interpeller les diffuseurs souhaitant rajeunir leur public.

"Notre objectif n'est pas de conquérir ou de faire tomber la télé", insiste Domingo, qui a pioché son "pseudo en ligne en 4e" dans son manuel d'espagnol.

Abonnements

Twitch se démarque simplement par son "naturel, sa liberté de ton", fait valoir celui qui se réjouit de pouvoir passer du temps avec ses invités sur n'importe quel sujet.

Ancien étudiant d'une école de commerce, le gamer s'est mis à partager ses parties de "League of Legends" en 2013, avant de commenter des compétitions puis de se retrouver, de 2016 à 2018, animateur de l'émission BeIN eSports sur des compétitions de jeu vidéo.

La station NRJ lui a également confié une émission dominicale, de 2017 à 2019, jusqu'à ce qu'il lance "Popcorn" et y rentabilise le "professionnalisme" engrangé.

Interrogé sur ses revenus, Domingo se contente d'expliquer qu'ils dépendent des "subs", les abonnements payants à une chaîne Twitch.

"Quand tu as 10.000 +subs+, tu touches 40.000 euros par mois, avec une taxe de Twitch entre 30% et 50%", détaille le fondateur de la société PAB Prod, qui emploie une dizaine de personnes.

En collaboration avec Webedia -- qui entend "devenir le premier producteur européen" sur la plateforme, selon sa directrice générale, Michèle Benzeno --, il a notamment contribué au lancement du late show "Zen", co-animé par le streamer Maxime Biaggi.

Million de "viewers"

Mais l'essentiel de son modèle économique repose sur la publicité et les partenariats avec des marques comme Adidas ou Spotify, comme pour tous les influenceurs... Même si le terme, souvent associé à des "stars de téléréalité qui n'ont pas énormément à proposer" en matière de contenus, ne lui plaît guère.

C'est grâce aux marques que les tournages coûteux en direct et des événements d'ampleur dans le monde réel sont rendus possibles, à l'instar du "Popcorn festival", qui a réuni 4.500 personnes cet été à Montcuq (Lot) et dont la deuxième édition est sur les rails.

Passionné de sport, le streamer originaire de Châtillon (Hauts-de-Seine) a participé récemment au "Eleven All-Stars", un match de football France-Espagne entre stars du jeu vidéo, et au "GP Explorer", course automobile organisée par le youtubeur Squeezie.

Ces deux compétitions, qui ont rassemblé chacune plus d'un million de viewers sur Twitch, un record en France, ont été critiquées pour leur impact environnemental ou pour l'absence de femmes sur le terrain.

"Je n'ai pas l'impression d'avoir détruit la planète ou trahi mes propres engagements", réplique Domingo, rappelant qu'il a participé au "Z Event" en septembre, un marathon caritatif qui a permis de récolter plus de 10 millions d'euros pour des associations écologistes.

Quant au manque de parité sur Twitch, il reflète les travers d'une société où on "donnait des Barbie aux filles et des Playstation aux garçons", déplore Domingo, qui a "toujours essayé de donner un maximum la parole aux streameuses" et évoqué dans "Popcorn" les problèmes de harcèlement qu'elles rencontrent.

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