Il y a quelques semaines, Nvidia dévoilait les nouvelles restrictions gouvernementales sur l’exportation de certaines de ses puces, dont la H20, essentielle pour le développement de l’IA dans l’empire du Milieu. Dans la foulée, Huawei a frappé fort en annonçant le lancement à venir de nouvelles puces IA et un serveur directement concurrent des solutions Nvidia sur le marché chinois. Le pire semble désormais à venir pour le groupe américain.
Un marché à conquérir
Dans son article dédié aux nouvelles restrictions, mon confrère Thomas Barnett soulignait l’importance stratégique de la puce H20 en Chine. Pour rappel, le marché chinois de l’intelligence artificielle est en plein essor et représente une place centrale pour le commerce des GPU. L’interdiction de vendre la H20 en Chine laisse un vide énorme que Huawei s’apprête à combler.
Le groupe chinois prépare le lancement de ses puces 910C ainsi que de ses serveurs CloudMatrix 384, conçus pour rivaliser directement avec le GB200 de Nvidia. Techniquement, les puces 910C n’offrent qu’un tiers de la puissance d’une puce Blackwell de Nvidia. Cependant, Huawei compense cette faiblesse en intégrant cinq fois plus de GPU par serveur que son concurrent américain. Résultat : le prochain serveur Huawei serait deux fois plus puissant que celui de Nvidia.
La stratégie possède pourtant un inconvénient : plus de GPU signifie également une consommation énergétique bien supérieure. Pourtant, Huawei sait à qui elle s’adresse. La Chine, premier producteur mondial d’énergie, privilégie désormais la puissance même au prix d'une consommation accrue. Avec cette nouvelle gamme, Huawei entend bien consolider sa position, notamment avec la future Ascend 920, première puce chinoise à profiter d’une gravure en 6 nanomètres réalisée par TSMC. Cette dernière devrait arriver dans la seconde moitié de 2025 et serait déjà en test chez DeepSeek
Une fabrication entourée de mystères
La fabrication de cette puce relève d’une véritable énigme pour les entreprises américaines, puisque la société est théoriquement interdite de collaboration avec la fonderie taïwanaise depuis 2020, étant blacklistée par les États-Unis. Pour contourner ces restrictions, Huawei aurait recours à des sociétés écrans. Une d’entre elles a été démasquée par une enquête du cabinet spécialisé TechInsights, mais de nombreuses autres resteraient encore invisibles.
La dépendance aux technologies de pointe étrangères reste un enjeu critique pour la Chine. Les entreprises du pays multiplient les stratégies pour continuer d’accéder aux technologies complexes, constituant des stocks importants avant un éventuel durcissement des restrictions. Cette situation permet désormais aux concurrents de Nvidia de se développer dans le marché émergent des IA chinoises.