Depuis son atterrissage vendredi à bord d’un jet privé à l’aéroport de Songshan, chaque apparition publique du dirigeant de Nvidia déclenche une marée de fans, de journalistes et de curieux, avides d’un autographe ou d’un simple mot. "Jensen, je t’aime !" a crié une femme samedi soir devant un restaurant de Taipei, où Huang dînait avec des hauts dirigeants taïwanais, dont des représentants de TSMC, pour ce que les médias locaux ont surnommé le “dîner du billion de dollars”.
“J’aime venir à Taïwan, j’aime voir tout le monde ici et je suis très reconnaissant pour leur soutien. Les gens sont extrêmement gentils”, a confié Huang à Reuters, visiblement touché par l’accueil.
Le phénomène n’est pas nouveau. Déjà en 2023, la presse taïwanaise avait forgé le terme “Jensanity” pour décrire l’enthousiasme presque hystérique qu’il suscite. Cette année, Nvidia a même ouvert une boutique éphémère dédiée à son image, vendant cartes à jouer, t-shirts et autres souvenirs à son effigie.
Une dévotion qui intrigue ses collègues américains : alors qu’il reste relativement discret dans son propre pays, Huang est littéralement encerclé par des fans à Taïwan. Une situation qui ne manque pas d’inquiéter ses gardes du corps, lesquels ont dû repousser journalistes et admirateurs samedi soir, alors qu’il distribuait des glaces frites devant le restaurant où il avait dégusté une soupe de nouilles de riz, accompagnée de whisky Kavalan.
“Il encourage les jeunes Taïwanais comme moi. Ce qu’il fait est une source d’inspiration”, a déclaré Hsu Han-yun, étudiant de 21 ans qui a obtenu un autographe de Huang.
Invité d’honneur et tensions politiques
Après le dîner, Jensen Huang s’est rendu à la cérémonie d’ouverture des World Masters Games, un événement sportif international destiné aux athlètes de plus de 30 ans. Il y était invité d’honneur aux côtés de la championne olympique de boxe Lin Yu-ting et de la célèbre actrice et réalisatrice taïwanaise Sylvia Chang.
La présence de Huang a brièvement déclenché une polémique politique : des élus de l’opposition ont accusé la vice-présidente Hsiao Bi-khim de se greffer à la dernière minute à l’événement pour bénéficier de l’aura de Huang. Le bureau présidentiel a nié toute stratégie opportuniste, précisant que la sécurité présidentielle avait inspecté le site un mois plus tôt et que la vice-présidente ignorait alors la venue du PDG de Nvidia.
La ferveur autour de sa visite a été telle qu’un ministère a dû clarifier un point soulevé dans les médias : le coût du stationnement de son jet privé à Taipei. Le ministère des Transports a ainsi précisé que le tarif pour six jours s’élevait à 95 562 dollars taïwanais (environ 3 167 USD), contredisant des chiffres inférieurs avancés dans certains articles. “Le chiffre de 60 000 TWD est incorrect, et sa source n’a pas été vérifiée auprès des autorités compétentes”, a-t-il précisé avec une pointe d’agacement.
Finalement, le jet, exploité par la société VistaJet, a quitté Taipei samedi après-midi en direction d’Honolulu, selon les sites de suivi de vols. Mais dans l’esprit des Taïwanais, Jensen Huang aura, une fois encore, laissé l’empreinte d’un héros de la tech revenu sur ses terres.