Nvidia ne tiendra plus compte du marché chinois dans ses prévisions de chiffre d’affaires et de bénéfices, a déclaré jeudi son PDG Jensen Huang dans un entretien à CNN, en réaction aux restrictions commerciales imposées par les États-Unis sur les ventes de semi-conducteurs à Pékin.
Les restrictions actuelles ont déjà coûté 2,5 milliards de dollars de ventes à Nvidia au premier trimestre, et un impact supplémentaire de 8 milliards est anticipé pour le deuxième trimestre.
Interrogé sur un éventuel assouplissement des mesures américaines après les discussions commerciales menées cette semaine à Londres avec la Chine, Huang a répondu qu’il n’en faisait pas une hypothèse de travail. "Mais si cela se produit, ce sera un bonus. J’ai dit à tous nos investisseurs et actionnaires qu’à l’avenir, nos prévisions excluraient le marché chinois", a-t-il affirmé.
Le patron de Nvidia a renouvelé ses critiques à l’encontre de ces restrictions, dans la lignée de ses déclarations d’avril dernier, à l’époque où les États-Unis avaient bloqué la commercialisation de la puce H20 spécifiquement conçue pour le marché chinois. "Les objectifs de ces contrôles à l’exportation ne sont pas atteints", a-t-il estimé. "Et donc, comme pour toute mesure de ce type, les objectifs doivent être clairs et soumis à l’épreuve du temps."
Selon Gil Luria, analyste chez D.A. Davidson, si Nvidia ne peut pas reprendre ses ventes en Chine au-delà du trimestre en cours, les prévisions pour l’année 2026 pourraient être revues à la baisse.
Nvidia a précisé qu’elle examinait encore ses "options limitées" pour maintenir une présence sur le marché chinois. "Tant que nous n’aurons pas arrêté un nouveau design produit et reçu l’aval du gouvernement américain, nous sommes de facto exclus du marché chinois des centres de données, estimé à 50 milliards de dollars", a indiqué le groupe.
"En retirant la Chine de ses projections, Nvidia élimine une variable instable que ni Wall Street ni le département du Commerce ne peuvent véritablement anticiper", a commenté Michael Ashley Schulman, directeur des investissements chez Running Point Capital, en ajoutant que toute vente en Chine représenterait désormais une bonne surprise.
Avant l’entrée en vigueur des contrôles, Nvidia avait réalisé 4,6 milliards de dollars de revenus au premier trimestre grâce aux ventes de la puce H20, largement stockée par les clients chinois. Sur cette période, la Chine représentait 12,5% du chiffre d’affaires global du groupe.