Zurich (awp) - Oerlikon est frappé de plein fouet par le coronavirus au niveau de son chiffre d'affaires et de ses entrées de commandes au terme du premier trimestre 2020.

La suppression probable de 800 emplois au sein de sa plus grande division, le Traitement de surfaces, pourrait avoir lieu, a fait savoir le groupe industriel mardi. Ses résultats opérationnels, en revanche, ressortent nettement mieux que les attentes des analystes.

Le chiffre d'affaires du groupe industriel zurichois a chuté de 15,2% pour s'établir à 529 millions de francs suisses par comparaison avec la même période en 2019, ce qui est très proche du consensus des analystes interrogés par AWP qui tablait sur 530 millions.

Sur le plan des entrées de commandes, en revanche, qui se sont inscrites à 477 millions de francs suisses, soit une dégringolade de 29,9%, la déception est de taille puisque les analystes escomptaient 524 millions.

Les bonnes surprises sont venues du côté opérationnel, puisqu'avec un résultat brut d'exploitation (Ebitda) à 58 millions de francs suisses, ce qui correspond tout de même à un plongeon de 37,6%, Oerlikon bat largement les prévisions des analystes (50,8 millions).

Quant au résultat opérationnel (Ebit) il s'est établi à 6 millions (-86,4%), mais mieux que le montant de 0,7 million prévu par le consensus.

Vu les circonstances actuelles, Oerlikon s'abstient de faire des prévisions pour 2020. Toutefois le groupe maintient son objectif à moyen terme d'une marge opérationnelle (Ebitda) comprise entre 16 et 18%.

Pour la division Traitement de surface, qui constitue 70% des effectifs totaux du groupe, l'affaiblissement du secteur automobile a été exacerbé par la crise actuelle.

Et le confinement en Chine a généré des interruptions dans la chaîne d'approvisionnement. L'industrie aéronautique, confrontée à un arrêt sans précédent, a elle aussi lourdement pesé sur l'évolution de cette division clef.

Une reprise incertaine

Interrogé par AWP, le directeur général du groupe, Roland Fischer, affiche la plus grande prudence en ce qui concerne les principaux marchés. Si en Chine, l'industrie automobile se redresse rapidement, en Europe, par contre, la reprise est plus incertaine.

Sur le Vieux continent ,"les fournisseurs redémarrent lentement leur production, mais à un niveau très bas", a-t-il précisé. Quant au secteur de l'aviation, aussi essentiel pour les débouchés de cette division, le patron d'Oerlikon n'anticipe pas d'embellie avant la fin de l'année ou 2021.

Autre division en pleine souffrance, les Fibres artificielles ont été ralenties "par l'arrêt de la production dans l'Empire du Milieu et par les retards dans l'approbation des projets", a commenté Roland Fischer, avec un résultat d'exploitation qui s'est vu diminuer de moitié.

Une baisse qui s'explique aussi par le recul de la demande d'équipements et de pièces de rechange en Amérique du Nord et en Europe. Mais selon le directeur général le fond a été atteint. Il souligne les dernières commandes reçues, d'un volume de 600 millions de francs suisses suisses, sur un horizon allant jusqu'en 2023.

Selon Roland Fischer, Oerlikon bénéficie d'une structure de capital solide, de fortes liquidités et d'un bilan net sans endettement. Un plan d'action avec comme objectif de garantir les liquidités et de réduire les coûts dans tous les secteurs d'activité a été lancé.

Les analystes sont unanimes à relever que les incertitudes liées au développement du Traitement de surface, la division majeure du groupe, rendant les prévisions difficiles. D'autant plus que la reprise prendra sans doute beaucoup de temps.

A la clôture, la nominative Oerlikon a pris 0,1% à 6,90 francs suisses, tandis que l'indice SPI a gagné 1,54%.

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