Lausanne (awp/ats) - Lors du deuxième jour du procès de Hans Ziegler à Bellinzone, l'accusation et la défense ont présenté deux versions diamétralement opposées. Dénonçant la grande énergie criminelle de l'ancien administrateur, la première a requis une peine ferme de 5 ans alors que l'avocat a plaidé l'acquittement.

Au fil d'un réquisitoire de cinq heures devant la Cour des affaires pénales, le Procureur fédéral a demandé que Hans Ziegler soit reconnu coupable de violation du secret commercial, de service de renseignements économiques et d'exploitation d'informations d'initiés. En outre, il a estimé que l'ancien membre du conseil d'administration d'OC Oerlikon s'est laissé corrompre par son coaccusé.

Le magistrat a parlé de la "grande énergie criminelle" d'un accusé qui n'a jamais fait son mea culpa. Certes, la peine requise est "lourde" mais elle est à la mesure de "l'appât du gain et de la recherche de reconnaissance" d'un homme qui n'avait pas besoin de revenus supplémentaires.

Donner un signe ___

Le tribunal doit donner un signe, a conclu le représentant du Ministère public de la Confédération (MPC). Ni l'âge, ni l'état de santé du prévenu, ni les articles des médias ne sont des facteurs susceptibles d'atténuer la sanction.

Quant au second prévenu, il a été dispensé de comparaître devant le Tribunal pénal fédéral en raison des suites d'une vaccination anti-Covid. Pour le procureur, il doit être convaincu des mêmes chefs d'accusation et condamné à 28 mois d'emprisonnement, dont 14 avec sursis pendant deux ans.

De son côté, l'avocat de Hans Ziegler a demandé l'acquittement de tous les griefs. Certes, les documents remis à son coaccusé étaient confidentiels mais ils ne relevaient pas du secret commercial. De même, cette transmission n'était pas constitutive d'un service de renseignements économiques.

Hans Ziegler n'a pas fourni des informations à une organisation secrète, a martelé son défenseur. Il n'a jamais eu l'intention de nuire à OC Oerlikon et à Schmolz + Bickenbach.

Donner des "idées" ___

En tant que membre des conseils d'administration de ces deux sociétés, l'accusé entendait confier à son correspondant des "informations sur le marché et ses acteurs". Ces informations leur auraient donné des "idées en vue de futures transactions", selon l'avocat.

Devant la cour, Hans Ziegler a juré qu'il "regrettait fortement" d'avoir, en sa qualité d'administrateur d'OC Oerlikon et Schmolz + Bickenbach, remis des documents. "Avec le temps, il n'aurait tout simplement plus vu que les feux étaient au rouge", a expliqué son défenseur.

L'avocat du deuxième accusé a estimé que les griefs du MPC étaient dépourvus de tout fondement. Son client n'aurait jamais exploité les informations afin de trahir des secrets commerciaux. "A aucun moment, il n'a demandé à Hans Ziegler de lui communiquer quoi que ce soit."

Le MPC reproche à l'ancien administrateur, qui aura bientôt 69 ans, d'avoir transmis à 14 reprises des documents internes au groupe OC Oerlikon entre décembre 2013 et novembre 2016. Ces pièces auraient été utilisées par son complice, qui dirigeait une société internationale de conseil, afin d'élaborer des stratégies de rachat d'entreprises.

Le procès s'est terminé mardi en soirée avec la fin de la plaidoirie de l'avocat du coaccusé. Le verdict est attendu le 22 juin.

ats/rp