Source : Oeneo
Dominique Tourneix, Oeneo vient de publier des résultats en nette hausse, malgré une baisse d’activité. Comment expliquez-vous ce rebond impressionnant du Bouchage après deux années difficiles ? Comment voyez-vous la suite ?
" Il convient de revenir sur les deux années difficiles dont sort le Bouchage. La hausse du prix de notre principale matière première, le liège naturel, a pesé sur nos marges 2022/2023 et 2023/2024. Est venu s’ajouter une forte hausse des prix de l’énergie (x2.5), pour une hausse globale de ces deux intrants de l’ordre de 20M€ que nous n’avons pu que partiellement compenser par une hausse de nos prix de 15%. Par ailleurs, un phénomène de sur-stockage/déstockage de bouchons est venu perturber la chaîne logistique à la suite de la crise sanitaire. Ces phénomènes se sont progressivement résorbés, d’où notre retour à la croissance à 1er semestre (+7.3%) et à une marge opérationnelle de 20.4% (+7 points). Le mix produit a également soutenu notre niveau de marge brute sur fond de poursuite de la pénétration de nos bouchons technologiques Diam dans les vins très haut de gamme, en remplacement des bouchons traditionnels. "
Le bouchon Diam a été un produit de rupture depuis sa création il y a une vingtaine d’années. Il est à présent concurrencé par d’autres bouchons micro-agglomérés : quels atouts conserve-t-il sur un marché du vin où les volumes baissent continuellement depuis des décennies ?
" Dans le haut de gamme, les bouteilles à plus de 25€, le marché est résilient et Diam offre un produit 30% moins cher que les autres bouchons traditionnel en liège classiques, garantissant une meilleure maîtrise de la perméabilité que ces bouchons en liège traditionnel mais également que d’autres produits technologiques de la concurrence vendus 30% moins cher. Ces derniers séduisent surtout le segment moins exigeant des vins à 10€. Les vins haut de gamme voire iconique constituent notre cible privilégiée. Pour le très haut de gamme, nous lançons Diam Collection : des bouchons avec un cœur en liège aggloméré habillé d’une fine feuille de liège sélectionnée et ayant bénéficier du procédé de purification Diamant. Près de 10M€ seront investis sur ce produit sur un de nos sites de production. Cette recherche de l’innovation et de l’excellence concerne également notre division élevage. "
L’élevage connait une chute spectaculaire de son activité, et surtout de sa rentabilité. Comment comptez-vous redresser la situation ?
" La Division a évolué durant ce semestre dans un contexte de marché du vin morose : l’écoulement des stocks est lent et les vendanges 2024, dans les grands Bordeaux notamment, sont extrêmement faibles compte tenu des mauvaises conditions météorologiques. Malgré les effets inflationnistes persistants, le chiffre d'affaires semestriel recule 16% à 45,1 M€ sous l’effet de la baisse des volumes vendus. La division par deux de la marge opérationnelle, à 6.5%, s’explique par les effets de seuil liés à la baisse de l’activité et au mix produit moins favorable (NDLR : grands contenants moins rémunérateurs que la futaille), ainsi que par des coûts matières toujours élevés. L’activité de "merranderie" affiche une perte opérationnelle de plus de 2 M€. Nous accélérons nos efforts de rationalisation sur cette activité afin d’abaisser notre point mort. Cela passera par un regroupement d’activités en France ou aux Etats-Unis. Là aussi, nous misons également sur l’innovation pour nous démarquer, avec un certain nombre de nouveaux produits en phase de test chez des clients…"
Source : Oeneo
Quel atterrissage des comptes escomptez-vous en fin d’exercice?
" Le second semestre sera globalement un peu moins bon. Dans le Bouchage, l’activité sera stable mais les marges en léger retrait car le mix sera moins bon et le prix des matières premières devrait se stabiliser. Dans l’Elevage, nous attendons un chiffre d’affaires suivant la même tendance qu’au S1, ce qui devrait logiquement se traduire par des niveaux de marges assez faibles, et ce, malgré les mesures d’économies engagées. Globalement, la marge opérationnelle devrait se situer, sur l’année, proche de celle du 1er semestre. "
D’un point de vue stratégique, quels changements de périmètre peut-on attendre ? Une sortie de l’élevage est-elle envisageable ?
" Nous n’excluons pas des acquisitions. La filière étant bousculée, il y a des dossiers à vendre mais à ce stade nous ne nous sommes pas positionnés. Nous privilégierons les acquisitions complétant notre arsenal de solutions ou la conquête de nouvelles géographies plutôt que la consolidation de parts de marchés locales. La vente de la division Elevage n’est ni la volonté de nos actionnaires, ni une ambition du Groupe car nous pensons avoir les solutions pour redresser cette activité, que ce soit via la maîtrise des coûts, les gains de productivité ou l’innovation produits. Par ailleurs, les aléas climatiques nous ont été particulièrement défavorables ces deux dernières années. Enfin, Vivelys n’a pas encore montré tout son potentiel. "
Quelle sera la politique de retour à l’actionnaire cette année ?
" Après l’OPAS lancée en 2020, la fin du plan de rachat d’actions qui servira à couvrir les plans d’actionnariat, et le dividende exceptionnel de l’année dernière, il s’agira de maintenir le niveau de dividende ordinaire, qui était fixée cette année à 35 centimes par action. "