WASHINGTON, 21 décembre (Reuters) - La compagnie suisso-néerlandaise Allseas a déclaré avoir suspendu ses travaux pour la construction du gazoduc Nord Stream 2, censé acheminer du gaz naturel russe vers l'Allemagne, par crainte des sanctions américaines contre les promoteurs du projet prévues par un décret signé vendredi par Donald Trump.

Cette annonce jette une ombre sur le calendrier de construction du projet emmené par le géant gazier russe Gazprom avec des financements apportés, entre autres, par les allemands Uniper et Wintershall, filiale de BASF , l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, l'autrichien OMV et le français Engie.

Moscou avait annoncé par le passé que Nord Stream 2 verrait le jour sous quelques mois.

La participation d'Allseas, société privée spécialisée dans la construction de gazoducs sous-marins, est indispensable à l'aboutissement du projet, qui fait face aux critiques des Etats-Unis mais aussi de plusieurs pays européens.

"En prévision de l'instauration du National Defense Authorization Act (NDAA), Allseas a suspendu ses activités de pose de Nord Stream 2", dit la société dans un communiqué daté du 21 décembre que Reuters a pu consulter quelques minutes avant que Donald Trump promulgue la loi.

"Allseas procédera en conformité avec la disposition de retrait progressif prévue par la législation, et attend des autorités américaines compétentes des instructions comprenant les clarifications réglementaires, techniques et environnementales nécessaires", ajoute-t-elle.

Le texte promulgué vendredi par Donald Trump, qui avait été présenté en mai dernier par des sénateurs républicains et démocrates, demande à l'administration américaine d'identifier sous 60 jours les compagnies travaillant sur le projet Nord Stream 2 afin de déclencher les sanctions.

Les opposants à ce gazoduc, dont le coût est estimé à 11 milliards d'euros, y voient un moyen pour la Russie d'accroître la dépendance de l'Europe à son gaz. Donald Trump a reproché par le passé à l'Allemagne d'être "captive" de Moscou en matière d'énergie et plaidé pour un arrêt du projet.

Nord Stream 2 est aussi critiqué parce qu'il priverait l'Ukraine d'une partie des revenus que lui assure aujourd'hui le transit du gaz russe par son territoire.

L'Allemagne dit vouloir favoriser la diminution de la part de son énergie provenant du charbon et du nucléaire. Le gaz qui serait acheminé depuis la Russie assurerait à la première économie d'Europe une source d'énergie moins chère que le gaz naturel liquéfié acheté aux Etats-Unis ou dans d'autres pays. (Timothy Gardner; version française Jean Terzian)

Valeurs citées dans l'article : BASF SE, ENGIE, Gazprom PAO, OMV Aktiengesellschaft, Uniper SE