Pourquoi ne pas créer un champion des pylônes télécoms au lieu de privilégier le court terme en procédant à des cessions contre espèces sonnantes et trébuchantes ? C'est la question posée à haute voix par Stéphane Richard, le PDG d'Orange, à ses homologues européens. Ces dernières années, la tendance est plutôt au désengagement au profit de fonds d'investissement spécialisés en infrastructures ou de nouveaux acteurs du secteur, à l'image de l'espagnol Cellnex, la star de la spécialité. L'avantage ? Obtenir quelques milliards d'argent frais pour investir dans la coûteuse modernisation des réseaux, la 5G par exemple. Inconvénient ? Perdre un actif stratégique et avoir à payer des loyers de plus en plus élevés à l'expiration des accords initiaux.

Orange VS Cellnex

Orange VS Cellnex en 2020, pas de match

Orange a d'ores et déjà prévu de procéder à la scission de sa branche dédiée dans une nouvelle société qui rassemblera ses 59 000 antennes. Mais Richard évoque dans le FT la possibilité d'étudier un rapprochement de ces actifs avec ceux qui n'ont pas encore cédé aux sirènes de l'externalisation, notamment Vodafone (qui songe à une IPO) ou Deutsche Telekom (qui possède déjà une société dédiée). Il pense en tout cas qu'il "y a quelque chose de plus intelligent à faire que de simplement vendre nos tours à Cellnex".

Pour autant, les écarts de valorisation "incroyables" entre une société comme Orange et une société comme Cellnex poussent à réfléchir sur la stratégie à adopter. En d'autres termes, les antennes ne sont pas vraiment visibles au yeux des investisseurs tant qu'elles sont cachées dans les mastodontes des télécoms. Elles sont largement mieux valorisées dans des structures dédiées. Sans entrer dans les détails, Orange se paie 9,7 fois les résultats 2021 avec un beau coupon (rendement de 6,7% actuellement) et un ratio VE / Ebitda de 4,5 fois. Cellnex affiche un PER 2021 de 415 fois, un ratio VE / Ebitda de 22,8 fois et un rendement minimaliste.

Le PDG français concède dans le cadre de l'interview qu'Orange a fait preuve de lenteur sur le dossier. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles l'opérateur français pèse 27,5 Mds€ en bourse et qu'il est désormais talonné par les 25,9 Mds€ de l'espagnol.