Considérée comme une infrastructure d'importance vitale par le gouvernement français, la société OVH basée à Roubaix n'est théoriquement pas menacée par des délestages en cas de tensions sur le marché de l'électricité liées à l'arrêt des livraisons de gaz naturel russe à l'Europe.

Mais après avoir multiplié les déboires l'an dernier - incendie puis panne géante -, OVHcloud a voulu parer à toute éventualité, a souligné Michel Paulin après avoir inauguré un nouveau datacenter, à Strasbourg (Bas-Rhin).

"On fait des tests des groupes électrogènes tous les mois à tous les deux mois", a déclaré le DG de la société, prévenant toutefois qu'il ne pourrait s'agir que d'une solution de courte durée.

"On a rempli nos cuves, ces systèmes-là ne sont pas faits pour tourner des semaines... personne n'a testé ça", a-t-il souligné.

Le ministère de l'Economie et des Finances se prépare aux différents scénarios possibles pour cet hiver et établit la liste des sociétés et des secteurs qui ne devront dans aucun cas de figure être affectés par les coupures d'électricité.

"On a pris beaucoup de mesures, mais ça dépend de la sévérité de l'hiver", a indiqué un responsable du ministère, tout en rappelant que les services de télécommunications et de stockage de données sont cruciaux pour le bon fonctionnement du pays.

Selon un rapport de la Commission européenne, les services d'informatique dématérialisée ("cloud") pourraient représenter jusqu'à 4% de la consommation totale d'énergie des Vingt-Sept cette année, un chiffre qui pourrait atteindre 28% en 2030.

Coté en Bourse depuis octobre dernier, OVHcloud ne peut se permettre un nouvel accroc cet hiver face à la concurrence exacerbée de ses rivaux américains Amazon, Microsoft et Google.

La société française promet à ses clients un stockage plus sûr en protégeant leurs données, alors que les autorités américaines peuvent demander à y avoir accès en vertu de l'US Cloud Act.

Pour le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, venu à Strasbourg pour l'inauguration du nouveau datacenter, construit en remplacement des centres qui avaient été détruits par un incendie en mars 2021, il s'agit d'un enjeu de souveraineté nationale.

"Pour être souverain, il ne faut pas qu'on nous pique nos données. Je suis opposé au principe d'extraterritorialité américain", a-t-il déclaré.