De source proche du dossier, on a appris lundi que Vivendi proposait de l'ordre de 250 millions d'euros pour l'essentiel du capital de Dailymotion, contrôlé à 100% par Orange depuis début 2013.

Orange, Vivendi, comme le ministère de l'Economie, se sont refusés à tout commentaire sur l'information, publiée initialement par lemonde.fr.

L'annonce de cette offre intervient après l'annonce par le groupe chinois PCCW lundi matin qu'il mettait un terme à ses discussions avec Orange en vue d'un accord de partenariat avec Dailymotion.

Il a motivé sa décision par la "volonté exprimée du gouvernement français de favoriser la recherche d'une solution européenne" pour Dailymotion, à la suite de déclarations en ce sens du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.

Le ministère a réagi en assurant qu'il "n'a jamais indiqué être hostile aux discussions" avec PCCW mais que l'Etat avait demandé à Orange, en tant qu'actionnaire à 24,9% de l'ancien opérateur public, de ne pas accorder d'exclusivité à l'offre du groupe chinois "avant d'avoir discuté avec l'ensemble des partenaires potentiellement intéressés."

Cette décision "a permis d'ouvrir avec plusieurs offreurs potentiels des discussions", dit le ministère sans autre précision.

Avec 128 millions de visiteurs uniques par mois, Dailymotion est le plus populaire des sites internet européens mais il subit la concurrence écrasante du numéro un mondial Youtube, propriété de Google.

"UN PROJET INDUSTRIEL ANCIEN"

Un premier projet de rachat par l'américain Yahoo il y a deux ans s'était heurté au veto d'Arnaud Montebourg, le prédécesseur d'Emmanuel Macron à Bercy.

"Il s'agit d'un projet ‎industriel ancien", dit-on de même source proche du dossier, en rappelant que Canal+, filiale de Vivendi, avait déjà essayé par le passé de mettre la main sur Dailymotion mais qu'à l'époque Orange n'était pas décidé à céder une participation de contrôle.

Ces tractations interviennent au moment où Vivendi est engagé dans un bras de ‎fer avec le fonds spéculatif américain P. Schoenfeld Asset Management (Psam), qui lui reproche d'être flou ‎sur l'utilisation qu'il compte faire d'un trésor de guerre accumulé après une cascade de cessions. 

Vivendi, qui pourrait disposer d'une trésorerie pouvant aller jusqu'à 15 milliards d'euros selon des estimations d'analystes, dit vouloir bâtir un champion européen des médias et des contenus en établissant des ponts entre ses activités dans la télévision et la musique et en procédant à d'éventuelles acquisitions.

Mais c'est sur le front des cessions que le groupe a surtout été actif ces derniers mois avec la vente des 20% résiduels dans Numericable-SFR et le ‎bouclage à venir de la cession de l'opérateur brésilien GVT.

Le rachat de Dailymotion, bien que de taille limitée, pourrait apporter une première réponse sur les intentions du président et premier actionnaire de Vivendi, Vincent Bolloré, à moins de deux semaines de l'assemblée générale annuelle du groupe.  

Selon lemonde.fr, la direction d'Orange serait très favorable à l'offre de Vivendi. Le journal fait état de marques d'intérêts pour Dailymotion de Fimalac, le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière, qui n'aurait toutefois pas déposé d'offre ferme à ce jour.

Dans un communiqué, PCCW a souligné qu'il avait proposé de donner à Dailymotion "une envergure mondiale suffisante, sur un marché où la taille critique est vitale pour se développer."

(édité par Yann Le Guernigou)

par Gwénaëlle Barzic

Valeurs citées dans l'article : FIMALAC, ORANGE SA, Vivendi, PCCW Ltd, Numericable Group