WASHINGTON/SAN FRANCISCO (Reuters) - Les téléphones d'au moins neuf employés du département d'Etat américain ont été piratés avec un logiciel espion sophistiqué développé par la firme israélienne NSO, créatrice du logiciel espion Pegasus, ont déclaré quatre personnes au fait du dossier.

Les piratages, qui ont eu lieu au cours des derniers mois, ont visé des fonctionnaires américains basés en Ouganda ou travaillant sur des questions concernant ce pays d'Afrique de l'Est, ont indiqué deux des sources.

Ces intrusions représentent le plus vaste piratage connu de fonctionnaires américains par le biais de la technologie développée par NSO.

NSO, déjà mise en cause pour l'espionnage de chefs d'Etat et de centaines de représentants gouvernementaux dans le monde (français notamment), a déclaré jeudi dans un communiqué n'avoir aucune indication que ses logiciels aient été utilisés, mais qu'il avait suspendu les comptes concernés et qu'il allait enquêter sur la base des informations de Reuters.

"Si notre enquête montre que ces actions se sont effectivement produites avec les outils de NSO, le client concerné verra son compte résilié définitivement et des actions en justice seront engagées", a déclaré un porte-parole de NSO, qui a ajouté que le groupe "coopérera avec toute autorité gouvernementale compétente et présentera toutes les informations dont nous disposerons".

NSO a longtemps affirmé ne vendre ses produits qu'à des clients gouvernementaux chargés de l'application de la loi et du renseignement, afin de les aider à surveiller les menaces pour la sécurité, et qu'elle n'était pas directement impliquée dans des opérations de surveillance.

Les responsables de l'ambassade d'Ouganda à Washington n'ont pas fait de commentaires. Un porte-parole d'Apple, dont les téléphones étaient utilisés par les employés du département d'Etat ciblés, et porte-parole du département d'Etat se sont aussi refusés à tout commentaire.

(Reportage Christopher Bing et Joseph Benn, version française Camille Raynaud, édité par Sophie Louet)

par Christopher Bing et Joseph Menn