Ce qui rend la marque Peloton plus désirable que les autres au yeux du public, c'est ce mélange entre santé et technologie. Quant à l'investisseur, il avait de quoi être séduit par le côté abonnements, source potentielle de revenus récurrents et l'habillage techno-social. Pour couronner le tout, Peloton est arrivée en bourse fin 2019, c’est-à-dire juste avant le début de la crise du coronavirus. Estampillée "pure valeur Covid", puisqu'une partie de l'humanité était condamnée à faire du sport en intérieur, l'entreprise a bénéficié d'un engouement déraisonnable, à la fois au niveau commercial et au niveau boursier. 

Un vélo Peloton
Un vélo Peloton (Source Société)

A partir de son cours d'introduction de 29 USD, le titre est monté en danseuse jusqu'à 171,09 USD le 14 janvier 2021. De quoi multiplier sa mise par six ou presque en moins d'un an et demi. Pas mal pour une entreprise qui n'a jamais gagné le commencement d'un dollar et qui ne devrait pas le faire avant au mieux l'année 2025. Ceci dit, l'activité est réelle : le chiffre d'affaires est passé de 915 M€ en 2019 à 4,02 Md€ en 2021, dont désormais 21,7% en provenance des abonnements.

Pour un actionnaire qui a souscrit lors de l'IPO ou jusqu'au printemps 2020, c'est le jackpot. Pour les retardataires c'est la chute collective : l'action est redescendue à 31,33 USD, ce qui fait de Peloton la valeur américaine d'une capitalisation de plus de 5 Mds$ la plus calamiteuse sur un an, avec un -80% qui fait désordre. L'action cotait autour de 31,30 USD lors de la rédaction de cet article le 18 janvier. Elle n'en vaut plus que 24% après avoir sombré dans le sillage de l'annonce, le 20 janvier, d'une suspension de la production de son matériel, à cause d'une forte baisse de la demande.

N'en jetez plus

L'histoire de Peloton depuis un an est pavée de mauvaises nouvelles. D'abord, les valeurs-covid n'avaient plus la cote en 2021, après avoir tout écrasé sur leur passage l'année précédente. Ensuite, il a fallu avertir sur les marges à cause de l'accroissement des tarifs du fret. Puis un enfant a trouvé la mort lors de la mauvaise manipulation d'un tapis de course. Dans la foulée, la commission américaine de sécurité des produits a émis un avertissement concernant le tapis après avoir fait état de 39 incidents plus ou moins graves l'impliquant. Après avoir tergiversé, Peloton a fini par rappeler tous les tapis vendus, pour un coût de 165 M$. Puis les résultats de l'exercice clos fin juin ont été marqués par une perte bien plus lourde que prévu. Quant aux projections 2022, elles ont largement déçu les analystes lorsqu'elles ont été annoncées. Elles ont de surcroît été abaissées en novembre. Puis Peloton a assigné en contrefaçon Lululemon, qui a contre-attaqué. Avant une polémique en relation avec l'acteur Chris Noth, ex-héros déchu de Sex and the City. Bref, la crise de croissance s'est transformée en crise de nerf pour la société et ses actionnaires.

Des fondamentaux peu attractifs
Des fondamentaux peu attractifs

Pour revenir à des considérations plus basiques, à quoi les fondamentaux de l'entreprise ressemblent-ils ? A rien. Enfin à pas grand-chose. Alors certes, le bilan est plutôt solide et la croissance des revenus est intéressante, mais les marges ne suivent pas pour l'instant et les bénéfices, je le disais plus haut, ne seront pas au rendez-vous avant 2025 si l'on se fie aux analystes qui suivent le dossier. Les révisions de résultats sont mauvaises, dans la mesure où les avertissements se sont succédés. La qualité des publications en pâtit naturellement. Pour finir, les valorisations assignées par les analystes vont du simple au triple, voire un peu plus. Une disparité qui nuit à la lisibilité du dossier. Même la petite rumeur de prédation par Apple qui va bien n'a pas réussi à réveiller durablement le cours.

"Fallait pas l'inviter" identifie des entreprises plutôt qualitatives qui traversent une passe compliquée en bourse. Sait-on jamais, elles pourraient s'en remettre ! Les derniers articles de la rubrique :