par Arpan Chaturvedi et Aditya Kalra

NEW DELHI, 13 janvier (Reuters) - Pernod Ricard a violé une politique en matière d'alcool de la capitale indienne New Delhi en soutenant financièrement des distributeurs qui, en échange, stockaient davantage de produits du groupe français de spiritueux, augmentant ainsi sa part de marché, selon l'agence de lutte contre la criminalité financière du pays.

D'après des documents judiciaires datant de novembre, l'Enforcement Directorate, une instance judiciaire indienne, a déclaré que Pernod Ricard India avait fourni des garanties d'entreprise d'une valeur de deux milliards de roupies (22,6 millions d'euros) en 2021 à son banquier HSBC.

Il lui avait ensuite demandé de faciliter l'octroi de prêts aux distributeurs, qui ont utilisé les fonds pour l'obtention de licences de magasins de vente d'alcool à New Delhi.

La politique du gouvernement de New Delhi interdit aux groupes de spiritueux de participer à la distribution de leurs produits, directement ou indirectement. Selon les documents examinés par Reuters, le groupe français s'est trouvé "en contravention" avec cette règle car il a effectivement utilisé des garanties bancaires pour investir dans un réseau de distribution.

Les documents ne sont pas publics et les détails des allégations contre Pernod Ricard n'ont pas été publiés auparavant.

Le groupe Pernod Ricard India, qui a démenti fermement ces allégations, indique qu'il "continuera à coopérer pleinement avec les autorités indiennes dans cette affaire."

Le responsable des marques internationales pour Pernod Ricard India, Benoy Babu, a été arrêté en novembre et placé en détention dans le cadre de cette affaire. Il est accusé de blanchiment d'argent en vertu des lois indiennes et de violation de la politique en matière d'alcool de New Delhi.

Benoy Babu, qui nie ces accusations, n'a pas été inculpé et demande à être libéré sous caution. Un tribunal de New Delhi examinera sa demande le 19 janvier.

(Reportage d'Arpan Chaturvedi et d'Aditya Kalra à New Delhi, version française Dina Kartit, édité par Blandine Hénault)