La réponse de Pernod Ricard au fonds activiste Elliott est polie mais ferme. Le PDG du numéro deux mondial des vins et spiritueux, Alexandre Ricard, a rappelé son plein engagement à servir ses intérêts et ses actionnaires, avant de préciser que sa stratégie était la bonne pour allier la rentabilité court-terme avec une croissance responsable et durable, en ligne avec une feuille de route long-terme et cohérente.

La famille Ricard a reçu le soutien de la société d'investissement londonienne J. Stern & Co. Dans un communiqué, cette dernière a salué la stratégie et la gouvernance d'un groupe familial qui lui procure depuis 25 ans un rendement annuel de plus de 10% par an.

Elliott a créé la surprise en annonçant ce matin détenir plus de 2,5% de l'une des institutions du capitalisme français.

Conseillé sur ce dossier par Alain Minc révèle Les Echos, le fonds de Paul Singer regrette les pertes de parts de marché dans des segments clés et une sous-performance par rapport à ses pairs dans l'industrie.

Elliott pointe notamment la marge opérationnelle inférieure de 5 points à celle Diageo (31,4%). Le diagnostic est le suivant : " une gouvernance d'entreprise inadaptée et une culture peu ouverte sur l'extérieur ".

Ses recommandations comprennent le lancement d'un plan d'amélioration opérationnelle plus ambitieux pour combler l'écart de rentabilité avec la concurrence et l'alignement de la gouvernance d'entreprise avec les meilleures pratiques de marché des entreprises comparables.

Selon une source proche du dossier cité par Reuters, il réclame un plan d'économies de coûts de 500 millions d'euros. Il évoque aussi la possibilité de fusionner avec un concurrent.

Avec 2,5% du capital, Elliott reste largement minoritaire par rapport à la famille Ricard, premier actionnaire du groupe avec 15% du capital et le groupe Bruxelles Lambert (7,5% du capital).

La société d'investissement belge est une alliée de longue date de la famille Ricard. Pour autant, le holding vient justement de changer de gouvernance avec l'arrivée à sa tête de Ian Gallienne, gendre d'Albert Frère.

Pour Jefferies, compte tenu de la récente performance du titre et de l'engagement de la famille Ricard, cette prise de position ne devrait pas déboucher sur un changement majeur dans la stratégie du groupe.

Toutefois ajoute le broker, cela pourrait mettre un peu plus l'accent sur une accélération de la marge opérationnelle, à compter de l'année prochaine. Une aubaine semble penser le marché. A Paris, Pernod Ricard bondit de 5,6% à 148,45 euros.