Pernod Ricard a publié un chiffre d’affaires de 6,18 milliards d'euros au titre de son premier semestre 2024-25, soit un repli de 4% en organique (-6% en publié), avec des volumes en hausse et un effet mix-prix négatif de -6%. Le résultat net part du groupe (RNPG) s’élève à 1,19 milliard d'euros, en baisse de 24%. 

Pour l'exercice 2024-2025, Pernod Ricard abaisse ses prévisions et vise dorénavant un repli organique "faible à un chiffre" sur un an, soit dans une fourchette comprise entre 0% et 5%, alors qu'il s'attendait précédemment à un retour à la croissance organique du chiffre d'affaires. Et pour le moyen terme, l’objectif de croissance organique du chiffre d’affaires est compris entre 3 et 6%, contre 4 à 7% pour la prévision précédente. 

Le marché des vins et spiritueux subit toujours le contre-coup de la reprise post-covid où la demande était très forte. Celle-ci s’est maintenant normalisée mais il faut du temps pour apurer les stocks constitués. Ensuite, le marché chinois, qui représente un important débouché, est en net repli à cause du ralentissement économique dans le pays. 

En données organiques, les ventes de Pernod Ricard ont ainsi reculé de 10% en Chine, qui représente toujours 10% des ventes totales. Malgré cela, l’Asie est la seule zone en croissance (+3%), alors que l’Europe et la zone Amériques sont en repli de 5%. C’est même une baisse de 9% aux Etats-Unis, premier marché de Pernod Ricard. 

Les balles perdues des guerres commerciales

Les vins et spiritueux (français particulièrement) sont souvent les victimes collatérales des guerres commerciales et sont les cibles des représailles chinoises ou américaines à des mesures européennes.

En octobre 2019, les Etats-Unis avaient imposé 25% de droits de douane sur certains vins français en réponse au conflit entre Airbus et Boeing, puis ceux-ci avaient été élargis au Cognac en janvier 2021 avant que l’administration Biden ne les suspende en mars 2021.

En octobre dernier, la Chine a imposé des droits de douane en réponse à ceux imposés par l’UE sur les véhicules électriques chinois. L’effet s’est déjà fait sentir puisque les expéditions de Cognac vers la Chine ont baissé de 75% en décembre. Rappelons que la Chine est le deuxième marché pour le cognac, derrière les Etats-Unis.

Les sanctions commerciales sont particulièrement pénalisantes pour le cognac. En 2024, 166 millions de bouteilles ont été écoulées, dont 96,8% à l’export. Chez Pernod Ricard, celui-ci est commercialisé sous la marque Martell, dont les ventes organiques ont baissé de 10% en 2024.

Tout est dans les prix ?

Malgré tout cela, le marché réagit positivement à la publication. La nouvelle guidance semble plus réaliste et le titre est déjà en baisse de 35% sur un an ; beaucoup de mauvaises nouvelles sont donc déjà dans les prix. La valorisation est désormais proche de celle de l’ensemble du marché, pour un titre qui s’est longtemps payé avec une prime significative, même si les fondamentaux sont désormais plus dégradés. A cela s’ajoute la révision à la baisse des estimations de bénéfice qui semble toucher à sa fin. L’idée d’un plancher pour le titre semble donc se dessiner.

Mais Pernod Ricard reste à la merci de nouvelles sanctions commerciales. Les européens sont pour le moment épargnés par les nouveaux droits de douane américains. Probablement un simple sursis car l’excédent commercial de l’Union européenne vis-à-vis des Etats-Unis est une vieille obsession de Donald Trump. Un rapport doit lui être rendu sur ce sujet début avril.