(Actualisation: commentaires de la directrice financière de Pernod Ricard, Hélène de Tissot, commentaire de JPMorgan Cazenove, réaction en Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le numéro deux mondial des vins et spiritueux Pernod Ricard a indiqué mercredi s'attendre à un environnement volatil et incertain tout au long de l'exercice qui s'achèvera fin juin 2021, après avoir subi un repli marqué de ses ventes au quatrième trimestre du millésime 2019-2020, marqué par la crise sanitaire du coronavirus.

"Pour l'exercice 2020-2021, Pernod Ricard anticipe un environnement qui restera volatil et incertain, en particulier en raison du contexte sanitaire et de ses conséquences potentielles sur les moments de convivialité, ainsi qu'un environnement économique difficile", a commenté Alexandre Ricard, le PDG du groupe, cité dans un communiqué. "Nous attendons un ralentissement durable pour le Travel Retail, mais une bonne résilience du Off-trade aux Etats-Unis et en Europe, ainsi qu'une reprise progressive en Chine, en Inde et pour le On-trade dans le monde", a ajouté le dirigeant.

A la Bourse de Paris, l'action Pernod Ricard progresse de 2,3% mercredi vers 9h30, à 144,70 euros. JPMorgan Cazenove n'anticipe pas d'évolution immédiate des prévisions des analystes pour les résultats à venir, alors que les dirigeants n'ont pas fourni d'objectifs pour l'exercice en cours. La banque d'affaires souligne toutefois la bonne dynamique du groupe en matière de parts de marché : au cours du dernier exercice, Pernod Ricard a gagné ou maintenu ses parts de marché dans ses dix principaux marchés.

Sur la période d'avril à juin, marquée par la fermeture de nombreux points de vente, notamment dans les aéroports (Travel Retail), en raison de la pandémie de Covid-19, le groupe a vu ses ventes plonger de 37,9% sur un an, après une baisse de 13,3% lors du trimestre précédent. Les ventes du dernier trimestre se sont établies à 1,24 milliard d'euros contre 2 milliards d'euros à la même période de l'exercice précédent.

Sur l'ensemble de l'exercice 2019-2020, le chiffre d'affaires du propriétaire du whisky Jameson, de la vodka Absolut et du cognac Martell s'est contracté de 8%, à 8,45 milliards d'euros. A périmètre et taux de change constants, le chiffre d'affaires a reculé de 9,5%, contre une croissance de 6% enregistrée en 2018-2019, du fait d'une baisse de 14% des ventes dans la région Asie/Reste du monde. En données internes, les revenus de Pernod Ricard ont reflué de 6% en Europe comme en Amérique au cours du dernier exercice.

Le résultat opérationnel courant (ROC) de l'exercice 2019-2020 s'est inscrit à 2,26 milliards d'euros, en baisse de 12,4% en données publiées et de 13,7% à taux de change et périmètre constants. Mais cet indicateur s'avère légèrement supérieur aux prévisions des dirigeants et des analystes. Pernod Ricard avait indiqué fin juillet qu'il anticipait une baisse de 15% environ de son ROC, sur une base organique. Selon le consensus établi par Factset, les analystes attendaient en moyenne pour l'exercice écoulé un résultat opérationnel de 2,21 milliards d'euros.

Le résultat net s'est établi à 329 millions d'euros en 2019-2020, contre 1,46 milliard un an plus tôt, en raison des dépréciations d'actifs, évaluées à 1 milliard d'euros, déclenchées par la pandémie de coronavirus et affectant principalement la marque de vodka Absolut.

Hausse du taux d'endettement

La crise sanitaire a également eu pour effet de réduire les flux de trésorerie disponible dits "courants", qui sont ressortis à 1 milliard d'euros au cours du dernier exercice, contre 1,48 milliard d'euros lors du précédent. Entre fin juin 2019 et fin juin 2020, la dette nette, également alourdie par les acquisitions et le programme de rachat d'actions, a augmenté de 27,3%, à 8,42 milliards d'euros. Sur la même période, le ratio dette nette sur excédent brut d'exploitation s'est tendu, passant de 2,3 à 3,2.

"Nous sommes encore assez loin du taux d'endettement de 5,25 que nous nous sommes engagés à ne pas dépasser auprès des banques", a expliqué Hélène de Tissot, la directrice financière de Pernod Ricard, à l'agence Agefi-Dow Jones. "Notre position de trésorerie reste d'ailleurs solide, puisque nous disposons de 5,3 milliards d'euros de liquidités, dont 3,4 milliards d'euros de lignes de crédit non tirées", a ajouté la dirigeante.

Dans ce contexte, Pernod Ricard est en mesure de maintenir sa stratégie de croissance externe et pourrait saisir des opportunités créées par la crise sanitaire, mais pas à n'importe quelles conditions. "Nous restons un acquéreur exigeant, avec des critères de sélection bien précis quant à nos cibles éventuelles, notamment relatifs à la qualité des produits, car nous souhaitons créer de la valeur", a prévenu Hélène de Tissot.

Si le programme de rachat d'actions de Pernod Ricard reste suspendu, sa politique de distribution est confirmée. Le conseil d'administration compte proposer lors de l'assemblée générale du 27 novembre le versement d'un dividende de 2,66 euros par action au titre de l'exercice écoulé, contre 3,12 euros un an plus tôt.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

(François Schott a contribué à cet article)

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