par Anthony Boadle et Sergio Queiroz
BRASILIA, 9 janvier (Reuters) - L'armée brésilienne,
épaulée par la police, a démantelé lundi à Brasilia un camp de
partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro
au lendemain d'une émeute dans la capitale, la pire attaque
contre les institutions du pays depuis le retour à la démocratie
dans les années 1980.
Des témoins ont rapporté que la police anti-émeute s'est
massivement déployée devant le quartier général de l'armée, où
des partisans de Jair Bolsonaro campaient déjà, pour certains,
depuis la courte défaite de ce dernier face à Luiz Inacio Lula
da Silva lors de l'élection présidentielle du 30 octobre.
Les contestataires ont été dispersés, tandis que des soldats
ont démonté les tentes érigées sur les lieux.
Revenu au palais présidentiel après un déplacement dans
l'Etat de Sao Paulo dimanche, où il a promis de traduire devant
la justice les responsables des troubles, Lula s'est entretenu
avec son ministre de la Défense et des commandants de l'armée.
Par dizaines de milliers, les contestataires ont envahi et
endommagé dimanche la Cour suprême, le bâtiment du Congrès et le
palais présidentiel, un chaos rappelant l'assaut contre le
Capitole de Washington le 6 janvier 2021 par des partisans de
l'ancien président américain Donald Trump, modèle politique de
Jair Bolsonaro.
Dans la nuit de dimanche à lundi, des routiers pro-Bolsonaro
ont de nouveau perturbé la circulation sur des autoroutes, comme
ils l'ont fait depuis des semaines. Un opérateur de points de
péage a indiqué que plusieurs blocages dans l'Etat du Matro
Grosso ont été levés avant l'aube, tandis que la police a dit
avoir dégagé une autoroute dans l'Etat du Parana.
"Il y a toujours des personnes qui essaient de bloquer des
routes et d'accéder aux raffineries de pétrole", a déclaré
devant les journalistes un porte-parole de la présidence
brésilienne.
La compagnie pétrolière publique Petrobras a fait
savoir que ses opérations et ses livraisons de carburant n'ont
pas été affectées.
Après qu'un juge de la Cour suprême brésilienne a
demandé aux réseaux sociaux de bloquer les comptes
d'utilisateurs répandant une propagande anti-démocratique,
Facebook a déclaré lundi avoir supprimé des contenus faisant
l'éloge des mouvements de ce week-end.
Telegram, TikTok, Twitter et YouTube n'ont pas répondu dans
l'immédiat à des demandes de commentaire.
VOIR AUSSI
Enquête sur les troubles à Brasilia, son gouverneur suspendu
(Reportage Lisandra Paraguassu, Gabriel Stardgarter, Gabriel
Araujo, Anthony Boadle et Sergio Queiroz; version française Jean
Terzian, édité par Sophie Louet)