Les Vingt-Huit ont été divisés pendant plusieurs mois sur l'ampleur de l'effort à exiger du secteur automobile pour atteindre l'objectif d'une diminution de 30% d'ici 2030 des émissions globales de gaz à effet de serre de l'UE.

Le Parlement européen s'est prononcé début octobre pour une baisse de 40% des émissions de CO2 des voitures et utilitaires de moins de 3,5 tonnes d’ici 2030 alors que l'Acea (Association des constructeurs européens d'automobiles) prônait de son côté une baisse de 20% et la Commission européenne 30%.

Les représentants du Parlement et ceux des pays membres se sont finalement entendus mi-décembre sur une réduction de 37,5% pour les voitures de tourisme et de 31% pour les utilitaires.

"Le vote du Parlement européen est un vote contre l'industrie européenne. (...) Le chemin qui est pris nous emmène dans l'impasse et ce sera très douloureux", prévient le dirigeant, qui est également président de l'Acea, dans l'entretien mis en ligne sur le site du Figaro à la veille de l'ouverture du salon de l'automobile de Genève.

"(Mais) cela met en risque les 13 millions de personnes qui travaillent dans notre industrie et cela déstabilisera très certainement nos sociétés européennes", ajoute Carlos Tavares, qui se défend de tout chantage à l'emploi.

Sans remettre en question le passage aux véhicules électriques, le dirigeant du constructeur français estime que cette transition nécessite "un pilotage stratégique".

"Comment les États, exsangues, au bout de leurs capacités d'endettement, de déficit et de pression fiscale, trouveront-ils l'argent pour financer les réseaux de chargement ?", s'interroge Carlos Tavares.

La France et l'Allemagne ont promis mi-février une nouvelle politique industrielle volontariste prévoyant notamment la mise en place d'un consortium de production des batteries pour les véhicules électriques à travers un investissement commun de 1,7 milliard d'euros.

"Nous avons étudié le sujet. Le capital initial nécessaire est colossal", estime pour sa part Carlos Tavares, selon lequel la réussite du projet dépendra de l'attitude des autorités européennes vis-à-vis de l'application des règles sur les aides d'Etat.

"L'Union européenne sera-t-elle capable de s'élever à ce niveau de vision stratégique, au-delà des simples règles de concurrence intracommunautaires ?", s'interroge-t-il.

(Gwénaëlle Barzic et Geert de Clercq, édité par Simon Carraud)