Paris (awp/afp) - Les constructeurs automobiles PSA (Peugeot-Citroën-Opel) et FCA (Fiat-Chrysler) ont traversé une année 2020 difficile, mais sont restés dans le vert, donnant "de bonnes bases" à leur nouvelle maison mère Stellantis, selon son directeur général Carlos Tavares.

Sur un marché en chute libre au premier semestre et en léger rebond au second, FCA a enregistré un chiffre d'affaires en baisse de 20% à 86,67 milliards d'euros. Le constructeur italo-américain (Fiat-Chrysler) a tout juste maintenu la tête hors de l'eau avec un bénéfice de 24 millions d'euros.

PSA (Peugeot-Citroën) a également enregistré un chiffre d'affaires en recul de 18,7% en 2020, à 60,7 milliards d'euros, mais présente un bénéfice net de deux milliards d'euros.

Les deux groupes ont été fortement touchés par la baisse des ventes mais ont réussi à maintenir leurs prix, dégageant des marges importantes pour le secteur automobile, de 4,3% pour FCA et 6,1% pour PSA.

"FCA et PSA ont bien fait leurs devoirs pour préparer de solides fondations financières à Stellantis", s'est félicité Carlos Tavares lors d'une conférence de presse.

L'ex-patron de PSA devenu en janvier directeur général de Stellantis a visité des usines du groupe en Italie et aux États-Unis. Carlos Tavares prépare désormais son plan stratégique à horizon 2030, qu'il doit présenter entre la fin 2021 et début 2022.

Stellantis, basée à Amsterdam, devrait compter près de 300.000 salariés après le désengagement de PSA dans l'équipementier Faurecia.

100% électrique

Le nouveau groupe vise une marge opérationnelle courante entre 5,5% et 7,5% en 2021, "en l'absence de tout confinement significatif lié à la COVID-19".

Il craint aussi les effets éventuels de la pénurie de puces électroniques, que Carlos Tavares ne voit pas s'arrêter au second semestre, et les hausses des prix des matières premières.

La préparation du plan stratégique est sa prochaine épreuve: il devra prendre en compte les contributions de chacune des deux entités, de chacune des 14 marques du groupe, emblématiques et très différentes, de Maserati à DS en passant par Jeep et Opel.

"Nous n'oublions pas ce qui s'est passé entre Chrysler et Daimler", a souligné Carlos Tavares, rappelant ce mariage raté faute de synergies suffisantes. Stellantis vise à terme 5 milliards d'euros d'économies par an en partageant ses frais de recherche et développement et en rognant sur le coût des composants.

Le groupe veut surtout jouer un des premier rôle dans l'électrification du marché automobile dans les toutes prochaines années. Il n'investira plus dans le développement de moteurs à combustion.

"Nous n'accepterons en aucune manière d'être vus comme des dinosaures! (...) Cette union ne se base pas un plan défensif, créant seulement des synergies: il sera aussi disruptif et offensif", a souligné M. Tavares. "Nous sommes à fond sur la voiture 100% électrique. A terme, les moteurs à combustion seront interdits, les hybrides disparaîtront".

L'enjeu est rendre les véhicules électriques abordables, mais aussi de travailler sur leur efficience énergétique via leur moteur, leur logiciel, leur aérodynamisme. Le groupe, qui construit sa propre usine de batteries, propose déjà 29 modèles électrifiés et en lancera 10 supplémentaires d'ici la fin 2021.

Le groupe compte également sur ses activités dans la mobilité partagée, qui sont devenues rentables pour la première fois au deuxième semestre 2020.

Rebond de 10% prévus en Europe

Stellantis prévoit un rebond du marché en 2021 de 10% en Europe, 8% en Amérique du Nord, 20% en Amérique du Sud, et 5% en Chine.

En 2020, FCA a écoulé 3,43 millions de véhicules sur l'année, un chiffre en recul de 22%, "dû à des perturbations de la production et de la demande" engendrées par la pandémie de coronavirus. Du côté de PSA, les ventes mondiales ont dégringolé de 27,8% en 2020, à 2,5 millions de véhicules.

En cette période de crise, Stellantis se classe comme sixième groupe mondial en termes de véhicules vendus, derrière GM et Hyundai-Kia, alors qu'il envisageait la quatrième place. Le groupe doit annoncer dans les prochaines semaines sa stratégie pour la Chine, où il a connu des échecs retentissants.

afp/rp