Berlin (awp/afp) - La chancelière Angela Merkel a accepté un assouplissement progressif du dispositif anti-Covid en Allemagne face au mécontentement dans l'opinion, tandis qu'aux Etats-Unis, le président Joe Biden appelle à la prudence et s'insurge contre la levée des restrictions dans certains Etats américains, jugée prématurée par les principaux responsables sanitaires fédéraux.

Les mesures de confinement partiel en place depuis la fin de l'année dernière ne sont plus soutenues aujourd'hui que par un tiers des Allemands, contre deux tiers début janvier, selon un récent sondage, et le mécontentement monte au sein même du gouvernement à sept mois des élections législatives.

La plupart des restrictions seront prolongées au moins jusqu'au 28 mars pour contrer la hausse des cas et la propagation du variant britannique, qui représente désormais 46% des infections, mais les réunions privées seront possibles à partir du 8 mars entre deux foyers, à condition de ne pas dépasser cinq personnes au total.

Librairies, fleuristes et auto-écoles, qui ont déjà rouvert dans certains Länder, pourront de nouveau accueillir des visiteurs dans tout le pays. Et l'Allemagne va autoriser le vaccin AstraZeneca aux plus de 65 ans.

Un seuil d'incidence moins contraignant de 50 cas pour 100.000 habitants a finalement été retenu pour ouvrir la voie, à partir de fin mars, à des réouvertures dans la restauration en plein air, les secteurs culturels et sportifs. Au-dessus de 100, de sévères restrictions seront en revanche réintroduites. Le taux d'incidence était de 64 mercredi.

Aux Etats-Unis, où une campagne massive de vaccination est en cours, le Texas a annoncé mardi la fin du port du masque obligatoire et la réouverture de "100%" des commerces dès la semaine prochaine. Le Mississippi a fait le même choix, dès mercredi: "Il est temps!", a tweeté le gouverneur Tate Reeves.

Une "grande erreur", a jugé, consterné, le président américain, emboîtant le pas des principaux responsables sanitaires fédéraux. "La dernière chose dont nous avons besoin est d'un raisonnement préhistorique qui affirme que tout va bien actuellement, +retirez vos masques+, +oubliez tout ça+", a lancé le président démocrate, fidèle au message de prudence qu'il martèle sur le sujet de la pandémie.

"Ce n'est pas le moment de lever toutes les restrictions", a aussi insisté dans la matinée Rochelle Walensky, la directrice des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

Ces appels à continuer les efforts, dans un pays lassé par un an de restrictions fluctuantes, ont du mal à être entendus face à la concurrence de bonnes nouvelles. D'abord, les niveaux de cas et de décès quotidiens sont beaucoup moins élevés qu'il y a quelques semaines.

Ensuite, la campagne de vaccination bat son plein, avec désormais trois vaccins autorisés: ceux de l'alliance Pfizer/Biontech, de Moderna, et depuis quelques jours, de Johnson & Johnson, dont les premières injections ont commencé mardi.

Plus de 78 millions de piqûres ont déjà été réalisées dans le pays (pour Pfizer et Moderna, il en faut deux par personne).

Vaccins et batailles d'influence

Un optimisme à mettre en miroir avec la situation nettement plus tendue ailleurs dans le monde sur le front de la vaccination, où des fossés béants séparent des pays.

Le Soudan a ainsi reçu mercredi son premier lot de vaccins contre le coronavirus. Le Rwanda est lui devenu ce même jour le premier pays d'Afrique à recevoir le vaccin Pfizer-BioNTech contre le coronavirus, dans le cadre de l'initiative Covax destinée aux pays à faible revenu.

Tandis que, à des milliers de kilomètres de là, le Chili, grâce à une campagne particulièrement efficace, a administré au moins une dose de vaccin anti-Covid à plus de 3,5 millions de personnes pour 19 millions d'habitants, se plaçant dans le peloton de tête mondial.

De façon générale, la course mondiale au vaccin se déroule en ordre dispersé, donnant lieu à une bataille d'influence entre grandes puissances, dans laquelle Chine et Russie avancent leurs pions, alors que les Etats-Unis, englués dans la pandémie, réservent la vaste majorité des vaccins à leur population et que les Européens apparaissent à la traîne.

Impact sur les cancers des enfants

Le Brésil, où l'épidémie a fait au total 259.271 morts en un an, a annoncé mercredi son plus fort bilan de décès du Covid-19 en 24 heures, avec 1.910 morts.

En Colombie, le troisième deuxième pays d'Amérique latine en termes de décès derrière le Brésil et le Mexique, le nombre de morts a dépassé mercredi les 60.000.

L'Espagne a de son côté franchi mercredi le seuil des 70.000 morts, après avoir connu le mois le plus meurtrier du Covid-19 depuis la première vague. Les indicateurs montrent toutefois que la situation sanitaire s'améliore, en particulier dans les maisons de retraite, où ont été injectés les premiers vaccins.

En France, la production de vaccins anti-Covid 19 est ralentie par un manque de matériel, notamment des flacons, et de personnel pour assurer leur fabrication, a expliqué mercredi la ministre de l'Industrie, espérant une accélération des partenariats entre groupes pharmaceutiques.

Quant à la Slovaquie, elle a annoncé qu'elle imposerait un couvre-feu nocturne à partir de mercredi soir, alors que ce pays déplore le taux de mortalité au Covid le plus élevé au monde.

Et le funeste effet de la pandémie sur le suivi d'autres maladies à travers le monde continue d'être constaté. Baisse des diagnostics, voire interruption de traitements: la pandémie a eu un impact négatif sur les services qui soignent les cancers de l'enfant à travers le monde, en particulier dans les pays les moins riches, selon une étude parue jeudi dans la revue The Lancet Child and Adolescent Health.

afp/lk