LONDRES, 30 avril (Reuters) - Des scientifiques britanniques de premier plan ont exhorté le gouvernement à agir pour empêcher l'industrie pharmaceutique du pays d'être absorbée par la vague de concentration mondiale qui agite le secteur depuis le début de l'année.

En réaction à l'intention affichée par l'américain Pfizer de racheter AstraZeneca, numéro deux britannique de la pharmacie derrière GlaxoSmithKline, pour une somme estimée à au moins 100 milliards de dollars, des spécialistes en pharmacologie, en biologie, en chimie et en biochimie ont estimé que tout le secteur des sciences de la vie en Grande-Bretagne risquait de perdre son rang.

"Le Royaume-Uni a été un leader mondial en termes de recherche et de développement de médicaments, mais les fermetures de sites et les restructurations intervenues ces derniers temps mettent en péril cette position", soulignent-ils dans un communiqué.

AstraZeneca, qui a réaffirmé sa stratégie d'indépendance après les déclarations de Pfizer, emploie près de 7.000 en Grande-Bretagne. (voir )

La réputation de Pfizer dans le pays est ternie depuis que le groupe a fermé voici trois ans un grand centre de recherche à Sandwich, dans le sud de l'Angleterre, où le Viagra fut inventé, avec la perte de près de 2.000 emplois.

Dans la journée, le Parlement britannique a annoncé son intention d'enquêter sur le projet de rachat d'AstraZeneca par Pfizer, afin de s'assurer que les emplois et la recherche scientifiques seront préservés en cas de succès.

Le communiqué des scientiques est signé par Robert Parker, directeur général de la Société royale de chimie, Jonathan Bruun, directeur général de la Société britannique de pharmacologie, Mark Downs, directeur général de la Société de biologie et Kate Baillie, directrice générale de la Société de biochimie.

Ils estiment que la Grande-Bretagne pourrait rester "en pointe et profiter de retombées économiques si des mesures étaient prises aujourd'hui, à un moment où le secteur est encore en bonne santé, pour accompagnner la transition vers un nouveau modèle de découverte de médicaments".

Les scientifiques appelle la coalition gouvernementale dirigée par David Cameron à montrer la voie en mettant en place un "Conseil pharmaceutique", qui regrouperait tous les acteurs du secteur.

Ils prennent exemple sur l'industrie automobile du pays qui, après une passe difficile, a connu une nouvelle jeunesse avec la création d'un conseil de l'automobile sous l'égide du gouvernement.

"Et, aujourd'hui, un nouveeu véhicule sort des chaînes de production britanniques toutes les 20 secondes", notent les scientifiques.

Jusqu'à présent Londres est resté neutre sur ce dossier, notamment parce que Pfizer n'a pas encore soumis d'offre ferme, mais en coulisses le gouvernement invite chaudement le pharmacien américain à s'abstenir de tout coupe claire dans les départements de recherche, ont dit des sources industrielles. (Kate Kelland, Benoit Van Overstraeten pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : AstraZeneca plc, Pfizer Inc.