Paris (awp/afp) - Les actionnaires de Pierre et Vacances, numéro un européen des résidences de loisirs, ont approuvé les augmentations de capital nécessaires à sa recapitalisation par un consortium d'investisseurs et ses principaux créanciers, lors d'une assemblée générale où le fondateur, Gérard Brémond, a été chahuté.

L'entreprise, qui compte 12.000 salariés et possède les marques Pierre et Vacances, Center Parcs, Maeva et Adagio, doit ainsi éviter la faillite: elle avait un besoin urgent de capitaux frais après avoir accumulé 677 millions d'euros de pertes sur ses deux derniers exercices, la pandémie de Covid-19 ayant fait grimper sa dette brute à 1,1 milliard d'euros.

"Il y a eu le cataclysme Covid", a expliqué le fondateur du groupe Gérard Brémond, 84 ans, qui détient 49% du capital. "Nos établissements étaient fermés, on n'avait pas le droit de recevoir nos clients, on a perdu 800 millions de chiffre d'affaires, ça a été un véritable cauchemar, et ce cauchemar, vous comme moi, on le paie aujourd'hui."

Vendredi, les résolutions soumises à l'assemblée générale ont été approuvées à plus de 99%, ce qui marque une nouvelle étape dans le sauvetage du groupe: sa dette brute doit redescendre à 393 millions d'euros, via une conversion de 552 millions d'euros (hors intérêts) de dette en capital et le remboursement de 160 millions d'euros.

Trois augmentations de capital ont été approuvées. La première, de 50 millions d'euros, est ouverte à tous les actionnaires; la deuxième, de 150 millions d'euros, est réservée entre autres aux trois investisseurs, Alcentra et Fidera et Atream qui renflouent le groupe.

La troisième, de 555 millions d'euros (intérêts compris), est une conversion de dettes en fonds propres réservée à ses créanciers.

La première et la deuxième augmentations se feront au prix de souscription de 0,75 euro par action et la troisième au prix de 4 euros, chacune étant assortie de bons de souscription d'actions.

Au terme de cette opération, 57% à 65% du capital sera détenu par les investisseurs Alcentra, Fidera et Atream, les créanciers auront 34% et le flottant (dont la part de M. Brémond) ira de 2% à 9%, avant l'exercice des bons de souscription d'action.

Quelque 455 millions d'actions Pierre et Vacances seront en circulation, contre 10 millions aujourd'hui.

"Tout perdu" ___

Vendredi, une poignée de petits actionnaires ont donné de la voix, exprimant leur frustration d'être fortement dilués à l'occasion de ces opérations ou, pour ceux qui possèdent des appartements dans des résidences, d'avoir dû abandonner cinq mois de loyers pendant la crise sanitaire.

"Quel sera le montant du salaire de M. Brémond et combien avez-vous reçu d'actions gratuites?", a demandé l'un d'eux.

M. Brémond va prendre la tête d'une société baptisée NewCo Asset Manager, dont il détiendra 70%, qui gèrera les actifs d'une foncière, laquelle détiendra les murs des résidences vacances de Pierre et Vacances.

Et il recevra "un salaire annuel de 333.000 euros", a précisé le secrétaire général du groupe, Stéphane Laugery, au titre de conseiller, devenant ainsi "salarié de Pierre et Vacances, ou de l'une de ses filiales", prévoient des "accords connexes".

L'attribution gratuite d'actions de préférence au bénéfice du fondateur sera décidée lors d'une assemblée générale le 27 septembre, a-t-il indiqué.

Selon une actionnaire propriétaire d'appartement, "les bailleurs sont les seuls à avoir abandonné des sommes d'argent". "Vous allez rembourser les banques et d'autres (...) nous, nous avons perdu beaucoup d'argent à cause de vous", a-t-elle reproché.

Prenant la parole, l'administratrice judiciaire a affirmé que "chacun (avait) contribué à sauver le groupe".

"Évidemment, les bailleurs individuels ne sont pas contents d'avoir dû abandonner cinq mois de loyers, les créanciers obligataires ne sont pas nécessairement contents de devoir convertir la dette en capital (...) mais sans cette opération-là, le groupe serait en liquidation judiciaire, les actionnaires auraient absolument tout perdu, c'est une certitude économique", a-t-elle martelé.

Si le groupe des investisseurs "a fait une offre nécessairement agressive, bien sûr, pas de philanthrope, c'est évident", "c'est bien l'apport d'argent frais qui a permis d'entraîner l'accord de tout le monde", a-t-elle conclu.

Après le jugement du Tribunal de commerce de Paris sur le projet de plan de sauvegarde accéléré le 29 juillet, s'ouvrira la période de souscription aux augmentations de capital, du 9 août au 9 septembre.

Le 16 septembre, une nouvelle gouvernance sera mise en place et les nouvelles actions Pierre et Vacances seront soumises à la cotation à la Bourse de Paris.

afp/rp