Après de longues années d’investissements, Poujoulat s’apprête à en récolter les fruits. Sa branche « Bois » connait une forte accélération, avec un levier opérationnel important. Quant à la branche « Métal », après des années de profitabilité dégradée, les foyers de pertes sont en cours d’extinction, les ventes repartent et les charges font l’objet d’une attention toute particulière. Entretien.

Frédéric Coirier, à quel moment de son histoire se situe le groupe à la veille de 2020 ?

« Le business model du groupe est en train de basculer. Notre orientation volontaire vers le bois énergie il y a un peu plus de dix ans a permis au groupe de maintenir une forte croissance de son activité. Cette année, cette diversification devrait ainsi représenter un tiers de notre chiffre d’affaires, avec une contribution au profit du groupe qui va devenir significative ».

Comment s’annonce la saison de chauffage ?

« Concernant l’ensemble des activités du groupe, la saison de chauffage s’annonce bonne avec une vraie dynamique de travaux de rénovation portée par la sortie annoncée du fioul (près de 4 millions de ménages encore équipés en France) et les soutiens publics confirmés (primes, certificats d’économie d’énergie, crédits d’impôts). Le dynamisme du marché des chaudières bois est actuellement très fort, en particulier dans les chaudières à granulés, ce qui donne une visibilité importante à la branche Bois énergie. Cela nous permet de poursuivre l’investissement dans l’outil industriel « Bois » et d’étendre nos partenariats avec des fournisseurs de matières premières. »

Poujoulat a déjà beaucoup investi et connu une forte croissance ces dernières années, mais sa profitabilité s’est régulièrement dégradée. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?

« Je crois qu’il faut bien faire la distinction entre nos activités. Dans la branche « métal », les performances des Cheminées industrielles ont connu une forte dégradation sur ce secteur difficile : un foyer de pertes s’était installé. La vive reprise de l’activité que nous connaissons actuellement sur cette activité, couplée à une diversification encourageante dans les services devraient réduire les pertes de 50% sur l’exercice clos à mars 2020, avec un équilibre visé à mars 2021. Concernant les Conduits de cheminée, qui constitue notre principale activité avec une place de n°1 européen, le marché ayant atteint sa maturité, la pression concurrentielle s’est accentuée et le prix des matières premières renchéri, ce qui a comprimé nos marges tout en parvenant à défendre voire augmenter nos parts de marché ces dernières années. A présent, nous sommes focalisés sur la maîtrise des charges, l’optimisation des achats et l’augmentation substantielle du taux de service. Ce qui ne nous empêchera pas d’investir cette année 4M€ (production et logistique) en Pologne à l’adresse des pays de l'Est. Cette activité Conduits devrait rapidement retrouver une marge opérationnelle proche de 5%, contre un peu plus de 3% ces dernières années. Des opportunités de croissance externe devraient par ailleurs se présenter au sortir de ces années difficiles. Enfin, la branche « Bois », après une phase de lourds investissements depuis 2013, a passé son point mort opérationnel l’année dernière et devrait connaître une progression continue de sa profitabilité compte tenu d’une croissance annuelle d’environ 30% dans les années à venir sur un marché en croissance de plus de 10%. »

Vos besoins d’investissement restent importants, avec un autofinancement limité. Quelle sera votre politique de financement dans les années à venir ? 

« Les besoins du marché sont tels qu’il serait dommage de ne pas capitaliser sur nos capacités foncières et d’approvisionnement. Nos deux usines de buches premium arrivent à saturation et il s’agit maintenant d’optimiser leurs performances. Nous avons en chantier une troisième usine sur un nouveau site, en Haute-Saône cette fois. Cela représente un investissement de 20 M€ concentrés sur l’exercice en cours. Nous visons une saturation de cet outil, le plus capacitaire des trois, à horizon 3 ans. Nos besoins d’investissement seront donc plus limités les deux à trois années suivantes. Pour autant, nous resterons très actifs sur la recherche de partenaires pour accompagner la croissance future de la branche Bois, en ouvrant le capital de notre filiale « Euro Energies ». Sur ce point, rien n’est arrêté et le temps joue en notre faveur car les résultats de la branche n’iront qu’en s’améliorant. »

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