Frédéric Coirier, Poujoulat a surpris par l’ampleur de la hausse des résultats au premier semestre, et indique pouvoir poursuivre sur cette lancée au moins jusqu’à la fin de l’exercice, clos à fin mars. Comment expliquez-vous ces bons chiffres ?

"Ces résultats sont supérieurs aux ambitions que nous nous étions fixées. Nos deux branches ‘Métal’ et ‘Bois’, très complémentaires, connaissent une croissance soutenue et leurs carnets de commandes restent fournis. Cela nous permet de saturer des capacités de production dont la productivité est en amélioration continue. La branche Métal a bénéficié de la croissance des volumes et des prix sur les marchés de la construction et de la rénovation énergétique, sur chacun de ses principaux marchés européens. L’effet de levier opérationnel a joué à plein et notre marge opérationnelle a atteint un niveau historique de 12% sur cette branche. Au second semestre, cette branche réalisera encore plus de chiffre d’affaires, malgré des prix stabilisés. Concernant le bois énergie, l’activité a progressé de 34% au S1, essentiellement grâce à un effet volume qui se combinera à un effet prix au second semestre. La hausse des prix des énergies traditionnelles conforte l’appétence des consommateurs pour le chauffage au bois (granulés et bois bûche). Les tensions constatées sur le marché du granulé de bois au début du second semestre (hausses de prix et surstockage) sont à présent résorbées. Cependant, les prix restent plus élevés qu’il y a un an. Ainsi, la branche bois devrait accélérer au S2 où elle devrait réaliser une centaine de millions d’euros de CA, soit environ deux tiers de son chiffre d’affaires annuel. Ainsi, nos marges, malgré une hausse continue des charges à l’image des coûts énergétiques qui représentent 0.5% de notre CA, devraient se maintenir sur la seconde partie de l’année pour un CA annuel d’environ 400 M€."

Évolution du chiffre d’affaires du Groupe Poujoulat sur 20 ans

L’environnement économique se dégrade progressivement, et même rapidement dans la construction neuve. Faut-il s’attendre à une dégradation des résultats après cet exercice 2022/2023 qui s’annonce record ?

"Malgré ces difficultés et incertitudes, nous sommes confiants sur le très fort potentiel du Groupe : la rénovation énergétique, la décarbonation et le développement du bois énergie porteront la croissance du Groupe dans les mois à venir. Il apparaît certain qu’une plus grande mixité énergétique sera nécessaire pour faire face à la hausse du coût des énergies fossiles et électriques mais également aux tensions d’approvisionnement qui ne seront pas résolues avant 18 à 24 mois. Nous anticipons par la suite un ralentissement de la construction neuve consécutif à une nette baisse des ventes des promoteurs et constructeurs en 2022. L’augmentation des taux d’intérêt et des matériaux, la rareté du foncier et l’attentisme des consommateurs, sont autant de facteurs freinant pour le marché. Cependant, notre exposition aux variations de la construction neuve concerne moins de 15% de notre CA et nos produits innovants devraient permettre de gagner des parts de marché. Le ralentissement de la croissance économique et l’inflation toujours élevée pourraient par ailleurs peser sur la consommation et pousser les consommateurs à épargner encore un peu plus. En termes de marges, nous sentons que notre capacité à augmenter les prix est maintenant limitée. Afin d’absorber l’augmentation des charges, nous investissons massivement dans la productivité de la branche Métal et comptons sur la forte croissance des volumes de la branche Bois dans les années à venir pour tendre vers une marge opérationnelle de l’ordre de 10% dans les deux branches. Après avoir investi une vingtaine de millions d’euros sur l’exercice en cours, plus de 80 M€ seront investis au cours des trois prochaines années, faisant passer le CA de 400 à 600 M€. A cet horizon, nos deux branches devraient contribuer à parts égales au chiffre d’affaires et au résultat." 

Résultats semestriels par branche (source : rapport financier semestriel du 13 janvier 2023) 

La croissance externe fait également partie de la stratégie du groupe. Quel type de cible souhaiteriez-vous privilégier ?

"Les tensions sont actuellement nombreuses dans la filière du bâtiment, ce qui fragilise certaines sociétés et accroît le nombre de cibles potentielles dans un contexte où les acheteurs sont moins nombreux. Cela a l’avantage de rendre les prix de transaction plus raisonnables et donc de favoriser des acquisitions soit dans le Bois en France où nous allons continuer à structurer la filière, soit dans les conduits ailleurs en Europe compte tenu de notre part de marché déjà suffisante en France sur ce métier." 

Découvrez ici BF 70, la dernière usine de bûches du Groupe Poujoulat 

L'Auteur est actionnaire à titre personnel.