(Actualisé avec citations, précisions)

par Harry Papachristou et George Georgiopoulos

ATHÈNES, 1er juin (Reuters) - Alexis Tsipras, dirigeant de la Coalition de la gauche radicale grecque (Syriza), a promis vendredi de geler les baisses des salaires et des retraites, de nationaliser les banques et d'en finir avec les privatisations si sa formation remporte les élections législatives le 17 juin.

Le dirigeant de Syriza, que certains sondages placent en tête des intentions de vote, maintient une rhétorique qui hérisse les créanciers du pays mais lui vaut d'importants soutiens sur le plan intérieur à l'approche du scrutin, que certains présentent comme un référendum sur l'avenir de la Grèce au sein de la zone euro.

D'autres sondages donnent les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) en tête, avec deux à trois points d'avance sur Syriza. A deux semaines des nouvelles élections législatives, l'incertitude reste totale et nul ne peut dire qui émergera en tête d'un scrutin considéré comme un possible point de bascule pour la Grèce et la construction européenne. (voir )

Dans un discours d'une heure consacré au volet économique de son programme électoral, Alexis Tsipras a égrené une série d'engagements, allant de la baisse des taxes sur le pain et le lait à la hausse de fiscalité pour les riches et à l'effacement d'une partie des créances des ménages surendettés.

"L'ajustement que nous proposons viendra de la taxation des riches et de tous ceux ayant des revenus élevés", a lancé le chef de file de Syriza, âgé de 37 ans, à ses partisans.

"L'heure de la gauche a sonné!", a clamé Alexis Tsipras.

Dès jeudi soir, il avait souligné qu'il annulerait le mémorandum négocié avec le Fonds monétaire international et l'Union européenne s'il arrivait au pouvoir, en ajoutant que la Grèce ne serait pas pour autant obligée de sortir de l'euro.

Le chef de Syriza juge que la Grèce devrait renoncer à l'aide financière étrangère, qui, assortie d'une exigence d'austérité en matière de politique économique, n'a pas permis de sortir le pays de la crise.

"Le sauvetage a piégé tout un peuple; c'est la raison pour laquelle nous devons nous en débarrasser immédiatement", a-t-il déclaré vendredi.

CRISE ÉNERGÉTIQUE

La Grèce traverse sa cinquième année de récession, et 20% de sa population active est désormais au chômage.

Avec des recettes fiscales en chute, les autorités ont averti que le pays risquait de se retrouver à court d'argent dès ce mois-ci sans une nouvelle injection d'aide financière extérieure.

Surfant sur la vague de mécontentement populaire contre la classe politique traditionnelle, Alexis Tsipras parie sur la défaite de Nouvelle démocratie et des socialistes du Pasok. Ils sont "sur le départ", a-t-il dit.

Les idées du leader de Syriza vont faire sortir la Grèce de l'euro, a rétorqué un porte-parole de ND. Pour le chef de file du Pasok, Evangélos Vénizélos, les idées de Tsipras risquent de diviser la société et risquent de mettre le pays à l'écart du système financier international.

"Le peuple grec doit prendre une décision historique lors du scrutin de juin, conscient des conséquences. Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas, n'était pas prévenu ou qu'il n'avait pas d'autre choix", a déclaré l'ancien ministre des Finances.

La crise obligataire dont souffre la Grèce risque de se transformer en crise énergétique.

L'autorité nationale de régulation de l'électricité, la RAE, a demandé une réunion d'urgence la semaine prochaine pour éviter un effondrement du réseau de gaz et l'électricité du pays.

La RAE a reçu une lettre de la compagnie gazière Depa, menaçant de réduire son offre aux producteurs d'électricité s'ils ne règlent pas leurs arriérés.

Au vu des dernières statistiques économiques rendues publiques vendredi, le secteur manufacturier grec a poursuivi sa contraction en mai, mais à un rythme plus lent qu'en avril.

Pour retrouver LE POINT sur la situation en Grèce, double-cliquer sur (Bertrand Boucey et Danielle Rouquié pour le service français)