(actualisé avec communiqué ministre des Finances, §§ 18-19)

par Harry Papachristou

ATHENES, 25 juin (Reuters) - Le gouvernement grec a appelé samedi les députés récalcitrants du Parti socialiste (Pasok) à "faire leur devoir" la semaine prochaine au Parlement, en adoptant le nouveau plan d'austérité réclamé par les bailleurs de fonds de la Grèce. Le vote devrait être serré mercredi prochain lorsque les députés se prononceront sur le plan d'austérité de cinq ans mis au point avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne (UE). Ils voteront le lendemain sur la loi d'application de ce programme.

Les bailleurs exigent l'adoption de ce plan, qui prévoit des baisses des dépenses, des hausses d'impôts et des privatisations, avant de débloquer la prochaine tranche d'aide évitant à la Grèce de faire défaut.

Le gouverneur de la banque centrale de Grèce, Georges Provopoulos, a estimé samedi que le temps était compté pour la Grèce, qui doit en finir avec les débats et prendre des mesures concrètes pour redresser son économie et rassurer ses partenaires ainsi que les marchés financiers.

"Désormais, nous devons convaincre, par des actes, du fait que la Grèce ne veut pas s'autodétruire, nous devons sortir de la rhétorique et lancer des réformes", a-t-il dit au journal Kathimerini.

Selon lui, il est illusoire de croire qu'il y aurait une sortie indolore de la crise. Il a écarté l'idée qu'il existerait une autre solution que les mesures d'austérité ayant fait l'objet d'un accord avec l'Union européenne et le FMI.

Toutefois, ajoute-t-il, le plan que doivent adopter les députés dans les jours à venir ne met pas assez l'accent sur la baisse des dépenses publiques. Selon Provopoulos, le fardeau fiscal a atteint ses limites.

Au parlement, la majorité du gouvernement Papandréou est réduite: le Pasok au pouvoir compte 155 députés sur 300.

Deux députés socialistes ayant annoncé qu'ils voteraient contre ces mesures, la majorité ne tient plus qu'à trois voix.

Après les élections législatives d'octobre 2009, les socialistes comptaient 160 députés mais les mesures d'austérité, contestées tous les jours dans la rue, ont provoqué cinq défections.

DEUX JOURS DE GRÈVE PENDANT LES VOTES

Le nouveau ministre des Finances, Evangelos Venizelos, a proposé de discuter avec tous les députés hésitants.

"Je pense que le sens de responsabilité l'emportera au final; le Dieu de la Grèce est grand", a-t-il dit sur la chaîne de télévision grecque Alter.

Pour le ministre de la Justice Miltiadis Papaioannou, les élus socialistes "doivent boucher leurs oreilles face à toutes les critiques et faire leur devoir."

L'un des dissidents, Thomas Robopoulos, n'est pas de cet avis. "Des commerces ferment tous les jours et on veut prendre des mesures qui bloquent la croissance", a dit à Reuters ce concessionnaire de Thessalonique, l'un des rares hommes d'affaires membres du Parlement.

Les mesures d'austérité ont fait plonger la Grèce dans la récession, la plus violente depuis 37 ans, avec un produit intérieur brut en baisse de 4% l'an passé. Le chômage a atteint le niveau record de 16,2% en mars, et 43% chez les jeunes.

Une grève générale de 48 heures est organisée la semaine prochaine, coïncidant avec les votes du Parlement.

Cette semaine, des débrayages ont eu lieu dans les entreprises menacées par la privatisation, comme le premier producteur d'électricité PPC.

Dans un communiqué, Venizelos reconnaît que le plan d'austérité décidé jeudi soir par Athènes avec l'UE et le FMI était dur et sans doute trop lié à des hausses d'impôts, tout en faisant valoir qu'il donnera du temps au gouvernement pour négocier un réaménagement avec l'Union européenne. "Les 12 milliards d'euros de la cinquième tranche sont absolument nécessaires pour répondre aux besoins de l'Etat en liquidités, qui ne sont rien d'autre que les besoins immédiats et vitaux des citoyens", écrit-il.

Les ministres des Finances de l'UE ont donné jusqu'au 3 juillet aux autorités grecques pour faire adopter au Parlement les mesures d'austérité, avant de débloquer le prêt de 12 milliards d'euros et préparer le second plan d'aide.

Le gouvernement grec prévoit notamment d'abaisser le seuil minimum d'imposition sur le revenu à 8.000 euros par an au lieu de 12.000 euros actuellement.

Un impôt exceptionnel de solidarité sur les revenus sera instauré. Il sera compris entre 1% à 5% des revenus en fonction de leur montant.

La taxe sur le fioul domestique sera légèrement relevée et un impôt minimum sera institué pour les auto-entrepreneurs. Ce secteur est considéré comme un de ceux où la fraude fiscale est la plus pratiquée. (Clément Guillou, Eric Faye et Philippe Bas-Rabérin pour le service français)