par Deepa Babington et Angeliki Koutantou

ATHENES, 25 février (Reuters) - Les premières fissures sont apparues mercredi au sein du gouvernement grec, le ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis prenant le contre-pied du Premier ministre Alexis Tsipras sur les privatisations.

Le gouvernement Tsipras a dû édulcorer ses promesses de campagne pour obtenir de ses partenaires européens une prolongation de quatre mois du plan d'aide financière dont bénéficie le pays. Il a notamment dû s'engager à ne pas revenir sur les privatisations en cours ou réalisées.

Mercredi, pourtant, le ministre de l'Energie a affirmé que la Grèce ne procéderait pas à la privatisation du principal producteur d'électricité PPC ni de l'opérateur du réseau électrique ADMIE, revenant sur l'engagement d'Athènes de poursuivre les cessions d'actifs publics. (voir )

Panagiotis Lafazanis représente l'aile la plus à gauche du parti Syriza de Tsipras. Si ce courant entre en rébellion ouverte contre les décisions du gouvernement contraires aux promesses de la campagne électorale, il est en mesure d'entraîner la chute de la coalition au pouvoir.

Alexis Tsipras se voit contraint à un véritable numéro d'équilibrisme entre ses engagements envers les créanciers internationaux et sa promesse faite aux électeurs grecs de sortir le pays de l'austérité.

"La situation est toujours difficile. Nous serons jugés sur notre capacité à gouverner et pas seulement sur notre compétence dans les négociations", a dit le Premier ministre lors d'une réunion à huis clos avec les députés de Syriza. "Il nous faut aller rapidement de l'avant dans la mise en oeuvre de notre programme", a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement, après les espérances suscitées, se doit de répondre au moins en partie aux attentes de ses électeurs et démontrer qu'Athènes a pu desserrer l'étau de l'austérité.

"IL NOUS FAUT GOUVERNER"

"Jusqu'à présent nous n'avons fait que négocier, maintenant il nous faut gouverner", a insisté lors de la réunion un député de Syriza.

Le programme présenté par Athènes mardi à l'Eurogroupe revient sensiblement sur des promesses de campagne telles que l'arrêt des privatisations, la hausse des dépenses sociales et le relèvement du salaire minimum. Il prévoit de consulter les partenaires de la Grèce avant de faire des réformes, qui devront être neutres pour le budget.

"Tout le monde, y compris au sein de Syriza, attend de voir comment cela va pouvoir marcher dans les faits", souligne Costas Panagopoulos, de l'institut de sondage Alco. "Faudra-t-il demander la permission (aux créanciers) avant de prendre la moindre décision ? Faudra-t-il recevoir les instructions de l'étranger, comme avant les élections ?"

Situation d'autant plus difficile pour Alexis Tsipras que son programme pour les quatre prochains mois a été accueilli avec circonspection par les partenaires de la Grèce.

Le Fonds monétaire international (FMI) a jugé que ce plan manquait de précisions, notamment sur les retraites et la TVA.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a souligné qu'il surveillerait de près l'évolution des dossiers sur lesquels Athènes s'éloigne de ses engagements initiaux. (voir )

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a fait état des "nombreux doutes" sur la capacité d'Athènes à tenir ses promesses. (voir )

Dans ce contexte, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, qui pendant des années a dénoncé un plan d'aide "toxique" et "catastrophique", se retrouve lui aussi dans une situation délicate, contraint de faire accepter aux Grecs des mesures impopulaires. (Avec Lefteris Papadimas et Costas Pitas; Marc Joanny et Guy Kerivel pour le service français)