(Actualisé avec début des perturbations)

par Daniel Trotta et Tom Hals

NEW YORK/REHOBOTH BEACH, Delaware, 29 octobre (Reuters) - A ccompagné de vents violents et de pluies battantes, l'ouragan Sandy a commencé lundi à balayer la côte est des Etats-Unis, entraînant une mobilisation totale à New York, où Wall Street a fermé de manière préventive pour la première fois en 27 ans.

Près de 50 millions de personnes se trouvent sur la trajectoire de Sandy, qui a déjà tué 66 personnes dans les Caraïbes et dont les vents qualifiables en tempête tropicale se font ressentir à près de 800 km à la ronde.

Le centre de la dépression, qui fait 1.600 km de large, devrait atteindre le littoral américain tôt mardi matin aux abords d'Atlantic City dans le New Jersey, à une centaine de kilomètres au sud de New York. Mais les vents périphériques rendent déjà la situation dangereuse sur les côtes.

Les météorologues du Centre national des ouragans (NHC) estiment que l'ouragan, qui devrait ensuite s'enfoncer vers Philadelphie et la Pennsylvanie, pourrait être la plus grave perturbation atmosphérique de l'histoire des Etats-Unis.

Sandy risque de provoquer de graves inondations et des coupures d'électricité, d'endommager des bâtiments et abattre des arbres. Les météorologues préviennent que les vagues qu'ils soulèvent représentent un danger "mortel".

A 15h00 GMT, l'ouragan, dont les vents atteignaient 150 km/h, se trouvait à environ 300 km d'Atlantic City et se déplaçait à 30 km/h vers le nord-nord-ouest.

A Rehoboth Beach, une station balnéaire du Delaware, en plein sur la trajectoire de Sandy, les rues étaient inondées. Le niveau de l'eau y atteignait environ un mètre de haut.

INSTITUTIONS PARALYSÉES

Neuf Etats américains ont déclaré l'état d'urgence, et le président Barack Obama a annulé un meeting électoral prévu à Orlando (Floride) pour rentrer en début de soirée à Washington afin de suivre l'évolution de la situation météorologique. Il devait s'adresser au pays à partir de 16h45 GMT.

Son adversaire républicain, Mitt Romney, a également annulé des rassemblements dans le Wisconsin, l'Iowa et en Floride.

Le maire de New York, Michaël Bloomberg, a ordonné l'arrêt des transports publics et l'évacuation de près de 375.000 personnes des zones côtières les plus basses de la métropole. Lundi, l'eau atteignait déjà le niveau de la digue mise en place à Battery Park City, l'un des quartiers évacués, à Manhattan.

Tous les marchés boursiers américains, dont le New York Stock Exchange (Nyse) et le Nasdaq, ont fermé. Un responsable d'une des grandes places a jugé vraisemblable qu'ils restent fermés mardi. Les Nations unies, les théâtres de Broadway et les casinos du New Jersey closent également leurs portes.

La plupart des compagnies aériennes ont annulé leurs vols dans la région, et l'entreprise ferroviaire publique Amtrak a pratiquement suspendu tous ses services sur la côte est.

A Washington, la Cour suprême, l'une des rares institutions de la région qui continuaient à fonctionner, a renoncé à siéger mardi. Le gouvernement a demandé à ses employés, hors services d'urgence, de rester chez eux.

COUPURES DE COURANT

La perturbation conjugue les caractéristiques d'un cyclone tropical et d'une tempête hivernale, et dispose donc de tous les ingrédients pour se transformer en "super tempête".

Dans les Etats situés sur la trajectoire prévisible de Sandy, des habitants ont envahi les magasins à la recherche de groupes électrogènes, de lampes de poche, de piles, et de nourriture. De la Caroline au Maine, on signalait 14.000 foyers sans électricité dimanche soir.

Le groupe énergétique Phillips 66 a fermé dans le New Jersey sa raffinerie de pétrole de Baiway, la deuxième plus importante de la côte Est, ainsi que trois autres sites.

Au total, la dépression devrait perturber la production de deux raffineries sur trois dans l'Est des Etats-Unis.

Colonial Pipeline, n°1 américain des oléoducs, continue d'acheminer essence et diesel à partir des raffineries du golfe du Mexique jusqu'à Linden, le terminal pétrolier du port de New York. Mais le transport pourrait cesser lorsque les effets de l'ouragan commenceront à se faire sentir.

On s'attend que les sites nucléaires de Salem et Hope Creek, gérés par Public Service Enterprise Groupe (PSEG) et qui sont sur le passage de l'ouragan, soient fermés. (Avec les rédactions de New York et Washington et les journalistes de Reuters le long de la côte Est, Julien Dury pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

Valeurs citées dans l'article : Phillips 66, Public Service Enterprise Group Inc.