* Des raids antitrust en Inde ciblent GroupM, Interpublic, Dentsu, Publicis pour fixation des prix, selon des sources.
* Les perquisitions se poursuivent au-delà de minuit, certains fonctionnaires n'étant pas autorisés à rentrer chez eux.
* L'action coïncide avec l'IPL, un événement publicitaire de grande envergure.
* Les sanctions potentielles peuvent aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires.
NEW DELHI, 19 mars (Reuters) - Les autorités antitrust indiennes ont interrogé des dirigeants de médias et saisi des données dans le cadre d'une enquête sur la fixation des prix par les agences de publicité mondiales GroupM, Interpublic, Publicis et Dentsu, et les perquisitions se sont poursuivies bien au-delà de minuit au cours d'une deuxième journée mercredi, ont déclaré des personnes au fait du dossier.
Les perquisitions de la Commission indienne de la concurrence (CCI) ont commencé tôt dans la matinée de mardi dans une dizaine de sites, dans le cadre de la mesure d'application la plus stricte jamais prise à l'encontre d'agences de médias et d'un groupe de grands radiodiffuseurs du pays, juste avant le début du populaire tournoi de cricket IPL, l'événement sportif le plus important pour les annonceurs en Inde.
Les hauts responsables du bureau indien de GroupM n'ont pas été autorisés à rentrer chez eux pendant la nuit et la perquisition se poursuivait mercredi, des preuves provenant de téléphones portables ayant été clonées, ont déclaré deux personnes ayant une connaissance directe de la situation.
Les perquisitions dans les bureaux indiens d'IPG Mediabrands, société américaine d'Interpublic, de Dentsu, société japonaise, et de l'IBDF, groupe de l'industrie de la radiodiffusion, se sont terminées tôt dans la matinée de mercredi, près de 24 heures après le début de la perquisition, ont indiqué des personnes au fait de l'affaire.
Lors de la perquisition des bureaux de l'IBDF à New Delhi, les inspecteurs de la CCI ont examiné des courriels relatifs aux transactions publicitaires du groupe, qui représente la coentreprise Reliance-Disney du milliardaire Mukesh Ambani et Sony, a déclaré la première source.
Les bureaux de Publicis Groupe en France ont également été perquisitionnés mardi et l'opération s'est poursuivie bien au-delà de minuit, sans que l'on sache si elle est terminée, a déclaré une autre source au fait de l'opération.
GroupM, qui appartient au groupe britannique WPP, n'a pas répondu aux questions de Reuters. En 2023, WPP a déclaré détenir une part de marché de 45 % dans le secteur des médias en Inde, avec 45 des 50 principaux annonceurs comme clients.
L'unité IPG Mediabrands d'Interpublic, Publicis, Dentsu et l'IBDF n'ont pas répondu aux questions de Reuters. La CCI n'a pas non plus répondu.
Ces perquisitions interviennent alors que le paysage publicitaire indien connaît de profonds bouleversements à la suite de la fusion, pour 8,5 milliards de dollars, entre Walt Disney et les actifs médiatiques indiens de Reliance, qui détiendraient 40 % du marché publicitaire dans les segments de la télévision et de la diffusion en continu.
Les agences médias sont en concurrence en Inde, le huitième marché publicitaire au monde, où les recettes de 18,5 milliards de dollars l'an dernier devraient augmenter de 9,4 % en 2025, selon les estimations de GroupM.
Dans le cadre d'une procédure entamée l'année dernière, la CCI enquête sur des allégations selon lesquelles les radiodiffuseurs et les agences de médias se seraient entendus sur les prix et les remises des tarifs publicitaires. Les perquisitions ont eu lieu à New Delhi, Mumbai et Gurugram, selon Reuters.
L'organisme de surveillance ne fournit pas de détails sur les affaires de collusion sur les prix et ne rend pas ses enquêtes publiques, et l'affaire risque de durer des mois avant d'aboutir à une conclusion.
Si elles sont reconnues coupables, les agences de presse pourraient être tenues de payer une amende pouvant aller jusqu'à trois fois leurs bénéfices pour chaque année au cours de laquelle la collusion a eu lieu, ou 10 % de leur chiffre d'affaires pour chaque année d'infraction, le montant le plus élevé étant retenu.