Le groupe français, numéro trois mondial de la publicité, a publié avec dix jours d'avancé sur le calendrier initial un chiffe d'affaire trimestriel de 2,48 milliards d'euros, qui fait ressortir, en données organiques (hors effets de change et changements de périmètre), une baisse 2,9% par rapport aux trois premiers mois de 2019.

Publicis, qui avait fait savoir le 27 mars dernier qu'il ne fournirait aucune prévision financière du fait de la pandémie, confirme lundi qu'il ne peut donner aucune indication sur ses perspectives "compte tenu de l'ampleur, de la complexité et de la durée probable de la crise".

Sur les trois premiers mois de l'année, si les activités en Amérique du Nord (+0,5%) et dans la région Moyen Orient-Afrique (+0,6%) affichent de justesse une croissance organique positive, l'Europe accuse une chute de 9,2% et l'Asie-Pacifique un repli de 1,9%, toujours en données organiques.

"La Chine, premier pays touché par la pandémie de Covid-19 pendant la majeure partie du premier trimestre, a été gravement affectée et a enregistré une baisse de 15,3%", précise le communiqué.

BAISSE DE RÉMUNÉRATION POUR LES DIRIGEANTS

Dans le cadre de "mesures exceptionnelles" pour se préparer à la récession à venir et préserver son bilan, Publicis proposera à ses actionnaires lors de l'assemblée générale du 27 mai de réduire de moitié son dividende, à 1,15? par action.

Le président du directoire, Arthur Sadoun, a par ailleurs décidé de réduire de 30% sa rémunération fixe des deuxième et troisième trimestres. La rémunération fixe des membres du directoire et du comité exécutif sera réduite de 20% sur la même période.

Le président du conseil de surveillance, Maurice Lévy, a décidé lui de réduire sa rémunération annuelle de 30%.

"Il ne fait aucun doute que nous traversons une crise sanitaire sans précédent, qui va nous conduire à la plus grande récession depuis la Seconde Guerre mondiale", souligne Arthur Sadoun dans le communiqué diffusé par Publicis.

"Il est trop tôt pour estimer l'ampleur de l'impact sur nos clients et nos activités, et nous ne donnerons donc aucune guidance pour les mois à venir."

Le mois dernier, WPP, le grand concurrent britannique de Publicis, a lancé un plan d'économies de deux milliards de livres sterling (2,3 milliards d'euros), renoncé à distribuer un dividende et à racheter ses propres actions et il a retiré ses prévisions pour 2020.

L'américain Omnicom, autre acteur majeur du secteur de la publicité, a dit s'attendre à un impact "important" de l'épidémie sur ses activités, sans plus de précision.

En Bourse, Publicis a perdu un quart de sa valeur depuis le 1er janvier, un repli équivalent à celui de l'indice CAC 40.

(Matthias Blamont et Henri-Pierre André, édité par Marc Angrand)