Le laboratoire d'analyses médicales Labco compte bénéficier d'une fenêtre de tir plus favorable aux introductions en Bourse pour se donner les moyens de poursuivre ses acquisitions et devenir le leader du secteur en Europe, a déclaré son directeur général Philippe Charrier à Dow Jones Newswires.

"Nous nous introduisons en Bourse pour accélérer le développement international, notamment en Italie et en Grande-Bretagne et pour étoffer notre projet médical", a déclaré Philippe Charrier lors d'un entretien au siège social du groupe à Paris.

Le laboratoire, qui en 2014 a réalisé un chiffre d'affaires de 650 millions d'euros et dégagé un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 131 millions d'euros, prévoit de s'introduire sur Euronext Paris au cours du deuxième trimestre. Il compte lever 320 millions d'euros à travers une augmentation de capital.

L'opération doit permettre une réduction de la dette et une augmentation de la capacité d'autofinancement de Labco grâce à la réduction de sa charge d'intérêts. "Notre ambition est de devenir le leader européen du diagnostic médical", affirme le dirigeant.

Labco n'a pas précisé à ce stade quelle part de son capital serait introduit en Bourse. La levée de fonds prévue doit être suivie d'un placement d'actions existantes de la part des actionnaires actuels.

Retour des IPO en Europe

Le groupe, qui réalise un peu plus de la moitié de son chiffre d'affaires en France, est déjà présent dans sept pays européens à travers 160 laboratoires, après avoir multiplié les acquisitions ces dernières années. Le français revendique la place de numéro un des marchés espagnol et portugais, la deuxième en France et en Italie et la troisième au Royaume-Uni et en Belgique.

Le rapprochement des laboratoires Cerba European Lab et Novescia en début d'année a privé Labco de la première marche du podium en France en termes de parts de marché. Mais cette accélération de la vague de consolidation en Europe n'est pas à l'origine du projet de cotation du groupe, assure son directeur général: "Nous n'avons pas improvisé cette opération. Cela fait trois ans que nous réfléchissons à une introduction en Bourse. Nos principaux concurrents au Royaume-Uni, l'américain Quest Diagnostics (>> Quest Diagnostics Inc) et l'australien Sonic Healthcare (>> Sonic Healthcare Limited) sont par ailleurs déjà cotés", souligne Philippe Charrier, en affirmant vouloir profiter de la réouverture récente des marchés de capitaux.

Selon le cabinet d'audit et de conseil PWC, environ 16,4 milliards d'euros - hors option de surallocation - ont été levés sur le Vieux continent au premier trimestre 2015, à l'occasion de mises en Bourse, soit une hausse de 44% sur un an. "Un tel niveau n'avait pas été enregistré depuis l'époque de la bulle Internet, lorsque les fonds levés avaient dépassé 27 milliards d'euros au premier trimestre 2000," constate PWC.

En France, plusieurs sociétés de biotechnologie se sont introduites en Bourse depuis le début de l'année. Cerenis Therapeutics, spécialisée dans le recherche sur le cholestérol, a notamment levé 53 millions d'euros fin mars en se lançant sur Euronext Paris.

Vers une poursuite de la consolidation

Si certains marchés de l'analyse médicale comme l'Allemagne et la Belgique sont déjà dominés par quelques grands acteurs, de nombreux pays connaissent une situation beaucoup plus fragmentée. "Le marché européen va se consolider comme cela a été le cas aux Etats-Unis ou encore au Brésil", prévient Philippe Charrier. "La tendance à la consolidation est très forte, il devient de plus en plus difficile pour les laboratoires de rester indépendants, en raison du coût des investissements technologiques, des pressions sur les prix et de la complexité du processus d'accréditation qualité", constate le responsable.

Parmi les principaux acteurs du secteur en Europe, Labco fait notamment face à la concurrence de deux groupes non cotés, le suisse Unilabs et de l'allemand Synlab Group, qui participent de manière active à la consolidation du secteur.

Au-delà des simples gains de parts de marché, Labco insiste sur les vertus médicales de ce processus d'intégration. "Ce n'est pas uniquement une question de taille: les acquisitions de laboratoires spécialisés nous apportent des technologies de pointe, que ce soit en biologie génétique ou en anatomo-pathologie par exemple", explique le dirigeant.

-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72; thomas.varela@wsj.com (ed/EC)

Valeurs citées dans l'article : Quest Diagnostics Inc, Sonic Healthcare Limited