Ian Smith, souvent présenté comme un spécialiste de la transformation d'entreprises, était en poste depuis huit mois seulement.

Il sera remplacé par Erik Engstrom, qui dirigeait depuis 2004 Elsevier, la branche d'édition scientifique, la moins cyclique et la plus rentable du groupe.

Reed Elsevier a ajouté que ses marges d'exploitation pourraient légèrement diminuer en 2010 en raison d'un climat économique peu porteur et de l'augmentation prévue des investissements, notamment sur le marché juridique aux Etats-Unis.

L'action de la société anglo-néerlandaise chutait de 5,35% à 458,643 pence vers 13h40 GMT à la Bourse de Londres, alors que l'indice DJ Stoxx européen des médias abandonnait 1%.

"Ian et le conseil d'administration ont conclu qu'il ne s'agissait pas du rôle idéal pour lui dans la situation économique actuelle. Erik a fait la preuve de son expérience du secteur. Il n'y a aucun désaccord sur la stratégie", a déclaré un porte-parole.

Ian Smith, âgé de 55 ans, avait irrité certains actionnaires en annonçant en août une augmentation de capital et des projets d'investissements ambitieux.

Le courtier néerlandais Petercam a ramené mercredi sa recommandation sur Reed Elsevier de "acheter" à "conserver", en arguant des prévisions de marges, qui n'ont cependant pas surpris certains autres analystes.

PAS DE RUPTURE STRATÉGIQUE

"Le nouveau DG bénéficiera probablement de soutiens solides mais il devra d'abord apaiser les troubles et préparer la société au retour de la croissance après 2010", estime Petercam.

Avant son arrivée chez Reed Elsevier il y a cinq ans, Eric Engstrom, un Suédois de 46 ans, avait travaillé au sein du fonds de capital-investissement General Atlantic Partners et de l'éditeur Random House, ainsi que chez le papetier suédois SCA.

Ian Smith, lui, avait été préféré au début de l'année à plusieurs candidats du sérail pour succéder à Crispin Davis, qui avait dirigé Reed Elsevier pendant une dizaine d'années.

Ce choix avait été expliqué notamment par son expérience de consultant en management et surtout par son rôle dans la fusion entre le groupe de construction Taylor Woodrow, qu'il a dirigé, et George Wimpey.

Ce passé avait nourri les espoirs de voir sa nomination aboutir au rachat de Reed Elsevier par un concurrent.

Pour Giasone Salati, analyste du courtier Execution, "la stratégie de Ian Smith consistant à investir 'des dizaines de millions' (...) marquait un changement radical par rapport à la politique antérieure de croissance des marges."

"Il est aussi connu pour ses solutions radicales et la nomination d'un successeur en interne pourrait suggérer que le conseil d'administration ne soutiendrait pas une opération de grande envergure."

Ian Smith avait plaidé pour une augmentation des investissements en particulier dans l'édition juridique aux Etats-Unis, sur lequel Reed a perdu des parts de marché au profit de Thomson Reuters.

Mercredi le groupe a expliqué que "les grands marchés professionnels, qui représentent la majorité des activités de Reed Elsevier, se montrent plus résistants que la plupart des autres mais ne sont pas immunisés contre les pressions de fin de cycle en raison du fait que la majeure partie du chiffre d'affaires dépend d'abonnements".

Georgina Prodhan, version française Marc Angrand