(Actualisation: contexte, détail sur les prévisions, déclaration de la DG par interim)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Renault a annoncé vendredi tabler sur un recul de sa marge opérationnelle en 2020, alors que le groupe a accusé l'an passé sa première perte nette depuis 2009 et a réduit son dividende à verser cette année.

Pour 2020, Renault table sur une baisse du marché automobile mondial. Le groupe prévoit un repli du marché d'au moins 3% en Europe et d'environ 3% en Russie, mais s'attend à une hausse du marché brésilien de l'ordre de 5%.

Au vu de ces prévisions, Renault anticipe pour 2020 un chiffre d'affaires du même ordre que celui de 2019 à changes constants, une marge opérationnelle du groupe de 3% à 4%, après 4,8% en 2019, et un free cash-flow de l'automobile positif avant prise en compte des coûts de restructuration. Ces prévisions ne tiennent pas compte d'éventuels impacts liés à la crise du coronavirus, a expliqué Renault. Le groupe explique également souffrir d'une faible visibilité, en raison notamment de la réglementation européenne CAFE, qui impose aux constructeurs de limiter à partir de cette année leurs émissions de dioxyde de carbone à 95 grammes par kilomètre, en moyenne, sur 95% de leur flotte.

Sur l'ensemble de 2019, Renault a enregistré une perte nette part du groupe de 141 millions d'euros, contre un bénéfice de 3,3 milliards d'euros en 2018. Le groupe n'avait plus accusé de perte nette depuis 2009 et la crise financière.

Le bénéfice a notamment pâti d'une contribution négative des entreprises associées, de 190 millions d'euros. La contribution de Nissan a été divisée par près de sept, à 242 millions d'euros, contre 1,5 milliard en 2018. Les autres entreprises associées ont eu un impact négatif de 432 millions d'euros en raison de la contre-performance des coentreprises chinoises. Le bénéfice du groupe a également été pénalisé par l'abandon d'une créance fiscale en France, qui a pesé à hauteur de 753 millions d'euros.

"Nous ne sommes pas satisfaits de ces résultats", a déclaré Clotilde Delbos, directrice générale par interim, lors d'une conférence avec des analystes, évoquant "une année difficile pour le groupe".

Au vu de ses résultats dégradés, Renault a réduit son dividende, proposant un coupon de 1,1 euro par action au titre de 2019 lors de sa prochaine assemblée générale, en avril, contre 3,55 euros par action au titre de 2018.

Le chiffre d'affaires du groupe s'est établi à 55,5 milliards d'euros, en baisse de 3,3% sur un an en données publiées et de 2,7% à taux de change constants. Le chiffre d'affaires de l'automobile hors Avtovaz a de son côté reculé de 4,2%, à 49 milliards d'euros. Les revenus du groupe ont été pénalisés par le recul des ventes en Argentine, en Turquie et en Algérie tandis que les ventes aux partenaires -- les pièces et les automobiles que Renault produit pour d'autres groupes -- ont eu un impact négatif de 3,4 points.

La marge opérationnelle du groupe a atteint 2,67 milliards d'euros, soit 4,8% du chiffre d'affaires, contre 6,3% en 2018. La seule marge opérationnelle de l'automobile hors Avtovaz s'est inscrite à 920 millions d'euros, soit 2,6% des revenus, contre 4,3% en 2018.

Le résultat d'exploitation s'est établi à 2,1 milliards d'euros, contre 2,99 milliards d'euros un an plus tôt.

Le free cash-flow opérationnel de l'automobile est ressorti positif à 153 millions d'euros.

Selon un consensus réalisé par Factset, les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 1,98 milliard d'euros, sur un résultat d'exploitation de 2,79 milliards d'euros et sur un chiffre d'affaires de 55,28 milliard d'euros.

Renault tablait de son côté sur une baisse de 3% à 4% de son chiffre d'affaires et sur une marge opérationnelle "de l'ordre de 5%". Ces objectifs avaient été communiqués fin octobre, alors que le groupe avait revu à la baisse ses prévisions pour plusieurs marchés clés. Renault avait également indiqué que le free cash-flow opérationnel de l'automobile serait positif au second semestre mais pas forcément sur l'ensemble de l'année 2019.

Renault a connu une année 2019 chaotique, marquée par l'échec de la fusion avec Fiat Chrysler Automobiles, qui s'est finalement rapproché du rival français PSA, et par des tensions chroniques avec son partenaire japonais Nissan.

Les deux constructeurs ainsi que leur troisième partenaire, Mitsubishi, tentent depuis de relancer l'Alliance et ont annoncé le mois dernier une série de mesures pour la renforcer.

Fin janvier, Renault a également choisi l'ex-président du comité exécutif de Seat, Luca de Meo, pour prendre sa direction générale à compter du 1er juillet prochain, après que la société a évincé en octobre Thierry Bolloré.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: LBO - DID

(François Schott a contribué à cet article)

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