Renault (-0,09% à 34,45 euros) et Volkswagen (+0,07% à 301,8 euros) n'en ont pas encore fini avec l’affaire du Dieselgate. Après l'annonce, hier soir, de la mise en examen du constructeur automobile françaispar le Tribunal judiciaire de Paris pour "tromperie" dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en France en janvier 2017, c'est au tour de la firme de Stuttgart d'être désormais visée par la justice française pour le même motif. Celle-ci leur demande par ailleurs de provisionner 80 et 70 millions d'euros respectivement afin de payer d'éventuelles indemnisations.

Pour Renault, ces 80 millions d'euros se décomposent en 20 millions pour le dépôt d'un cautionnement, dont 18 millions pour l'éventuel paiement des dommages et des amendes, et 60 millions d'euros de garantie bancaire pour indemniser les potentiels préjudices. Le cautionnement de Volkswagen s'élève à 10 millions d'euros, pour une garantie bancaire similaire à celle de son concurrent.

Le constructeur l'allemand, par qui le scandale des essais truqués de véhicules diesel est arrivé en 2015, a payé environ 30 milliards d'euros au cours des différentes procédures dans lesquelles il était impliqué, dont 1 milliard en Allemagne en 2018. Il conteste donc la possibilité d'une double condamnation pour des faits identiques, une double condamnation pour des faits identiques devrait être proscrite, "conformément au principe 'ne bis in idem' applicable dans le cas présent".

Pour sa part, Renault "conteste avoir commis la moindre infraction et rappelle que ses véhicules ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution. Renault a toujours respecté la législation française et européenne. Les véhicules Renault ont tous et toujours été homologués conformément à la loi et aux réglementations en vigueur à l'époque".

Dans les deux cas, les constructeurs rappellent que, au cours de la procédure, ils restent présumés innocents.

Gilles Le Borgne, le directeur de l'Ingénierie du constructeur français, semble voir cette procédure d'un bon œil : "l'entreprise, avec cette mise en examen, va enfin pouvoir faire valoir ses droits et présenter ses arguments", a-t-il déclaré auprès de journalistes. "Renault apportera à la justice, dans la plus grande transparence, tous les éléments d'explication démontrant qu'il n'a commis aucune tromperie. Renault n'a trompé personne et n'a commis aucune infraction."

Le dirigeant ignore encore le nombre exact de véhicules concernés par la procédure, mais il a rappelé les faiblesses technologiques des tests d'émissions de l'époque.

Entre 1992 et 2017, les émissions de polluants rejetés par les véhicules étaient en effet mesurées via la norme européenne NEDC, qui consistait à brancher un ordinateur sur la voiture, reliée à un banc d'essai. Jugée trop théorique après l'affaire du Dieselgate, elle a ensuite été remplacée par la norme mondiale WLTP, qui propose des conditions de test plus proches de l'utilisation réelle d'un véhicule.

Par ailleurs, l'ex-patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, qui est parvenu lundi à un accord à 11,2 millions d'euros avec le board du constructeur dans le cadre du Dieselgate, vient d'être poursuivi par le parquet de Berlin pour faux témoignage devant les parlementaires allemands. Il lui est reproché d'avoir "affirmé à tort avoir été informés de l'existence des logiciels de manipulation seulement en septembre 2015", alors que l'acte d'inculpation montre qu'il l'avait été dès le mois de mai 2015.

Valeurs citées dans l'article : Renault, Volkswagen AG