PARIS/SHANGHAI, 12 février (Reuters) - Geely va s'appuyer sur son partenaire Renault pour croître au Brésil avec un vaste accord commercial et industriel dont l'annonce est prévue d'ici la fin du mois, ont dit à Reuters trois sources proches du dossier, afin d'exploiter de nouvelles opportunités de croissance dans un environnement commercial international toujours plus tendu.

Le groupe automobile chinois, déjà associé au constructeur français en Corée du Sud et dans les motorisations thermiques, pourrait dans un premier temps importer dès cette année des voitures de marque Geely pour les commercialiser dans le réseau brésilien de Renault, ont dit deux des sources.

L'accord préliminaire prévoirait aussi une prise de participation minoritaire de Geely dans l'entité Renault Brésil, ont ajouté deux des sources, ainsi que la possibilité d'assembler des voitures du groupe chinois dans l'usine Renault de Curitiba. Ce volet de l'accord, qui ne sera définitif qu'une fois toutes les autorisations réglementaires obtenues, a été rapporté en premier par les Echos.

Renault et Geely ont refusé de faire un commentaire.

Une telle opération aiderait le constructeur automobile chinois, dont la présence commerciale hors Chine est surtout concentrée pour l'heure sur l'Europe, à se renforcer sur de nouveaux marchés pour en capter la croissance et échapper à la guerre des prix qui fait rage sur le marché chinois ainsi qu'aux lourds droits de douane imposés par plusieurs marchés matures sur les véhicules fabriqués en Chine, des Etats-Unis au Canada en passant par l'Union européenne.

Pour Renault, l'accord aidera à optimiser l'utilisation de son usine brésilienne en la partageant. Le Brésil est le cinquième plus important marché du groupe Renault hors de France, non loin de l'Allemagne, son 4e marché international, et doit jouer un rôle central dans le plan de bataille international du constructeur français pour réduire sa dépendance au marché européen.

Le site "Ayrton Senna", fondé en 1998, emploie environ 2.600 personnes et compte des chaînes d'assemblage de véhicules mais aussi une usine de mécanique et une fonderie, toutes deux rattachées désormais à la co-entreprise de motorisations thermiques Horse.

OFFENSIVE CHINOISE AU BRESIL

Dans un environnement commercial de plus en plus tendu, les constructeurs chinois explorent activement de nouvelles opportunités d'export vers d'autres marchés comme la Russie, l'Amérique du Sud, le Moyen-Orient et l'Afrique.

Le Brésil a enregistré l'an dernier la plus forte croissance des marchés export pour la Chine en matière de voitures électriques et d'hybrides rechargeables, avec un volume plus que doublé à 152.000 véhicules, selon Cui Dongshu, secrétaire général de l'Association chinoise des véhicules pour particuliers.

Le pays a également été le premier marché hors Chine de BYD, avec près de 60.000 ventes sur les dix premiers mois de l'année écoulée, mais les ambitions du géant chinois ont été contrariées par un litige sur les conditions de travail d'ouvriers venus de Chine pour construire la nouvelle usine de VE de BYD dans le Nord-est du Brésil.

La production du site est prévue cette année.

Selon les sources, Geely commercialiserait au Brésil des voitures sous sa propre marque, contrairement au partenariat coréen concentré actuellement sur la production d'un seul modèle, le Renault Grand Koleos, produit à Busan sur la plateforme CMA de Geely. Une deuxième voiture, le SUV coupé Poletar 4 de la marque électrique détenue par Geely, devrait suivre au second semestre.

Les détails techniques du volet industriel du partenariat Renault-Geely au Brésil sont toujours en discussion, mais selon une des sources, le groupe chinois pourrait industrialiser dans l'usine Renault de Curitiba sa plateforme multiénergie, permettant d'assembler des modèles essence, hybrides ou 100% électriques. (Reportage Gilles Guillaume, avec Zoey Zhang à Shanghai, édité par Blandine Hénault)