"La crise automobile actuelle va amplifier la tendance du secteur à la consolidation", a prédit mercredi Peter Pleus, président du directoire de l'équipementier allemand Schaeffler Automotive, à la veille de l'ouverture du salon au public.

Schaefller, spécialiste du roulement à billes, a lancé l'an dernier la plus grosse OPA qu'ait connue le secteur en rachetant Continental, équipementier présent dans l'électronique automobile et les pneumatiques, pour environ 12 milliards d'euros.

Les experts s'attendent à voir d'autres opportunités émerger tant la crise a réduit la marge de manoeuvre financière des entreprises du secteur en faisant fondre leurs liquidités.

"La thèse de la disparition d'équipementiers est déjà une réalité, et ce n'est pas fini, en particulier aux États-Unis", ajoute Hans-Georg Härter, président du directoire du sous-traitant allemand ZF Friedrichshafen. Il rappelle le sort qu'ont connu les américains Lear et Visteon, tous deux contraints de se placer sous la protection du chapitre 11 du code des faillites.

"Sur les 4.000 sous-traitants automobiles en activité à travers le monde, 500 pourraient se trouver en cessation de paiement d'ici la fin 2010", résume Christian Müller, analyste chez IHS Global Insight, ajoutant que les entreprises proposant des produits de haute technicité sont les mieux protégées face à la course aux prix bas.

"Je suis certain qu'il y aura des opportunités (d'acquisitions) d'ici quelques années parce qu'il y a beaucoup de nouveaux producteurs et peut-être pas de la place pour tout le monde", a indiqué de son côté Michel Rollier, gérant de Michelin.

Jean-Dominique Sénard, autre gérant du pneumaticien français, estime que la croissance externe pouvait être un moyen de corriger le manque de capacités de production face à la demande sur les nouveaux marchés d'Asie.

Interrogé sur d'éventuelles acquisitions, Jacques Aschenbroich, directeur général de Valeo, a répondu quant à lui: "S'il y a de bonnes opportunités (...) on fera des mouvements stratégiques."

DES SIGNES D'EMBELLIE, MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS ?

L'allemand Bosch, premier équipementier automobile mondial et les américains Johnson Controls et Honeywell font des pronostics similaires quand ils déclarent songer à faire l'acquisition de technologies qu'ils jugent prometteuses.

Valeo, frappé lui aussi de plein fouet par l'effondrement de la demande automobile à partir de l'été 2008, fait déjà ce pari en misant par exemple sur l'aide à la conduite au moyen de caméras qui permettent à une voiture de réaliser un créneau toute seule.

Si le chiffre d'affaires des 100 principaux équipementiers mondiaux devrait encore baisser en moyenne de 25% cette année selon Stefan Bratzel du Centre of Automotive, organisme allemand de réflexion sur l'automobile, plusieurs équipementiers ont indiqué à Francfort observer des signes d'embellie.

Jacques Aschenbroich a ainsi déclaré que le 3e trimestre était en ligne avec que ce qu'il imaginait, voire "un peu meilleur", et que le 4e trimestre était "sensiblement meilleur" que ce qu'il escomptait fin juillet.

Mais les inconnues entourant toujours 2010 signifient que le secteur n'en a sans doute pas terminé avec les restructurations, comme vient encore de le montrer l'annonce par Bosch d'un plan de suppression d'emplois portant sur 10.000 postes cette année.

Et si les équipementiers de rang 1, qui livrent directement les constructeurs semblent plus confiants, les autres maillons de la chaîne de fournisseurs demeurent dans une situation précaire.

Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a installé jeudi dernier la commission pour le soutien aux sous-traitants automobiles et annoncé la création au sein du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA) d'un fonds dédié aux sous-traitants de rang 2 et plus.

Les conclusions et propositions de cette commission sont attendues fin octobre.

Arno Schütze, avec Gilles Guillaume et Helen Massy-Beresford, édité par Marc Angrand