Tokyo (awp/afp) - Le constructeur automobile japonais Nissan a dit mardi s'attendre à un résultat net de nouveau négatif lors de son nouvel exercice 2021/22 entamé le 1er avril, en citant notamment la pénurie de semi-conducteurs et le renchérissement des matières premières.

Nissan prévoit une perte nette de 60 milliards de yens (453 millions d'euros) en 2021/22, pour un bénéfice opérationnel nul, a-t-il annoncé, en dépit de la cession annoncée début mai de sa part de 1,54% du capital de l'allemand Daimler pour 1,15 milliard d'euros.

Sa marge opérationnelle devrait ainsi être nulle, alors que le groupe visait jusqu'à présent une marge de 2% en 2021/22 (contre -1,9% en 2020/21 et -0,4% en 2019/20).

"Il y a un risque persistant sur l'activité à cause de la pénurie de semi-conducteurs et de la hausse des prix des matières premières sur l'exercice en cours", a justifié le groupe, allié du français Renault et de son compatriote Mitsubishi Motors.

Renault, qui détient 43,4% du capital de Nissan, a précisé séparément que les résultats de son partenaire nippon auraient un effet négatif d'environ 73 millions d'euros sur son propre résultat net au premier trimestre 2021.

Les objectifs 2021/22 de Nissan signifieraient toutefois une nouvelle amélioration de ses résultats, alors que le groupe a accusé une perte nette de 448,7 milliards de yens (près de 3,4 milliards d'euros) lors de son exercice annuel écoulé, marqué par la pandémie.

Cette perte est moins élevée que la dernière prévision du groupe (-530 milliards de yens) et moins importante aussi que sa colossale perte nette de 2019/20 (671,2 milliards de yens, soit 5,7 milliards d'euros à l'époque).

Rebond prévu des ventes

Lors de l'exercice écoulé, le constructeur a aussi fait mieux que ses derniers objectifs tant au niveau de son résultat opérationnel, bien qu'encore négatif (-150,7 milliards de yens), qu'au niveau de son chiffre d'affaires, qui a totalisé 7.862,6 milliards de yens (-20,4% sur un an), soit environ 59,4 milliards d'euros.

Nissan vise une croissance de 15,7% de ses ventes en valeur en 2021/22, à 9.100 milliards de yens (68,7 milliards d'euros). En volume, il table sur une hausse de 8,6% de ses ventes à 4,4 millions d'unités, contre 4 millions en 2020/21.

Mais sa reprise est considérablement freinée par la pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui affecte déjà sa production depuis plusieurs mois, comme de nombreux autres constructeurs automobiles.

"Nous nous attendons à ce que le gros de l'impact (de cette pénurie, NDLR) nous touche sur le premier trimestre" de l'exercice en cours, soit la période avril-juin, a précisé mardi le directeur général de Nissan, Makoto Uchida, lors d'une conférence de presse.

Cette pénurie devrait perturber la production de 500.000 véhicules de Nissan lors de l'exercice en cours, mais le groupe espère pouvoir diviser par deux cet impact in fine, a ajouté M. Uchida.

Lors de l'exercice écoulé, la production de 130.000 véhicules a été touchée mais Nissan a pu réduire cet impact de 50%, a complété son directeur opérationnel Ashwani Gupta.

Impact de l'incendie chez Renesas

Cette crise a été déclenchée par une forte accélération de la demande mondiale pour des services et appareils connectés dans la foulée de la pandémie de coronavirus.

Mais elle a encore été amplifiée ces derniers mois par une série d'autres facteurs, notamment climatiques en Amérique du Nord et à Taïwan, ou encore par l'incendie en mars d'une usine au Japon de Renesas, important fournisseur nippon de semi-conducteurs pour l'industrie automobile.

L'impact pour Nissan "provient surtout du sinistre chez Renesas", selon M. Gupta. Mais la production de ce fournisseur "reprend plus vite que prévu", s'est-il félicité.

Après l'éviction fracassante de son ancien grand patron Carlos Ghosn fin 2018 pour malversations financières présumées, Nissan a initié une sévère cure d'austérité. Il a notamment fermé fin 2020 ses usines de Barcelone, en Espagne, qui employaient 3.000 personnes.

Au cours de son quatrième trimestre (janvier-mars), sa perte nette s'est établie à 81 milliards de yens (613 millions d'euros), pour une perte opérationnelle limitée à 19 milliards de yens et des ventes à hauteur de 2.545 milliards de yens (19,2 milliards d'euros), en croissance de 7,3% sur un an.

Mitsubishi Motors a aussi publié mardi des résultats annuels sévèrement dans le rouge, mais prévoit de redevenir rentable dès 2021/22.

afp/rp