Renault fait sa révolution. Le constructeur automobile a enfin dévoilé son nouveau plan stratégique, « Renaulution », destiné à redresser ses performances, en mettant l’accent sur la profitabilité au détriment des volumes. Exit donc la course à la taille qui dominait sous l’ère Carlos Ghosn. Ce plan, particulièrement dense, a été complété par de nombreux commentaires du management en cours de séance, expliquant la forte volatilité du titre en Bourse. Après avoir évolué en nette baisse, le titre Renault est repassé dans le vert, pour osciller désormais autour de l’équilibre à 35,80 euros.

Des objectifs financiers jugés trop prudents

Cette déception initiale découlait d'objectifs financiers jugés trop prudents. Ils semblent en effet atteignables même dans les scénarii les plus difficiles.

D'ici à 2023, le groupe vise 3 % de marge opérationnelle et environ 3 milliards d'euros de free cash flow opérationnel de l'Automobile en cumulé (2021-2023).

D'ici à 2025, le groupe dirigé par Luca de Meo vise une marge opérationnelle d'au moins 5% et environ 6 milliards d'euros de free cash flow opérationnel de l'Automobile en cumulé (2021-2025). En parallèle, la rentabilité des capitaux investis (ROCE) devrait être en hausse d'au moins 15 points par rapport à 2019.

" Plus qu'un redressement, il s'agit d'une transformation profonde de notre modèle d'entreprise ", a commenté Luca de Meo, qui assure avoir " établi des bases solides et saines " pour les performances futures du groupe.

Extension des économies de coûts fixes

Cela passera d'abord par une extension des économies de coûts fixes. Le groupe visait jusque-là 2 milliards d'euros d'économies d'ici 2022. Ce sera désormais 2,5 milliards d'euros à horizon 2023 et 3 milliards d'euros d'ici 2025. Pour ce faire, Renault entend réduire ses investissements et dépenses de R&D d'environ 10% du chiffre d'affaires à moins de 8%.

Renault entend également simplifier l'organisation de la production, en ayant recours à 3 plateformes industrielles pour l'essentiel de sa production d'ici 2025, au lieu de 6 actuellement, grâce à l'Alliance qu'il forme avec Nissan et Mitsubishi.

Tous ces efforts doivent permettre de réduire le point mort de 30% d'ici 2023.

Orienter la présence du groupe vers les marchés à fortes marges

Outre une efficacité accrue, la " Renaulution " vise à orienter la présence du groupe vers les marchés à fortes marges, notamment l'Amérique latine, l'Inde, la Corée, mais également l'Espagne, le Maroc, la Roumanie, la Turquie et la Russie.

Le portefeuille de produits va également évoluer avec 24 lancements prévus d'ici 2025, visant à améliorer le mix produit. Parmi ces lancements, la moitié concernera les segments C et D, qui comprennent les "compactes" et les "familiales".

Cette doctrine de la profitabilité au détriment des volumes se traduira par un redimensionnement de la capacité industrielle de 4 millions d'unités en 2019 à 3,1 millions d'unités en 2025.

Rassurant sur les émissions de CO2

Du côté des émissions de CO2, Renault s'est voulu rassurant. Après avoir respecté les nouvelles normes européennes en 2020, le groupe s'est dit bien parti pour poursuivre dans cette voie cette année et ainsi éviter de lourdes amendes de la part de Bruxelles. D'ici 2025, le groupe de Luca de Meo veut lancer au moins 10 nouveaux véhicules électriques.