PARIS (Reuters) - Renault a fait état jeudi d'un chiffre d'affaires en baisse de 8,2% au troisième trimestre, moins forte qu'au début de l'année grâce notamment à une reprise des ventes en Europe, et indiqué avoir puisé trois milliards d'euros du prêt garanti de l'Etat, soit 60% du montant disponible pour face à la crise du Covid.

Le constructeur automobile, qui a accusé une perte nette record de plus de 7 milliards d'euros au premier semestre et engagé un vaste plan d'économies et de refonte de sa stratégie pour redresser la barre, a réalisé sur les trois derniers mois un chiffre d'affaires de 10,37 milliards d'euros.

Au premier semestre, ses ventes en valeur avaient dégringolé de 34,3%.

L'activité automobile du groupe disposait, au 30 septembre, de réserves de liquidités de 15,2 milliards d'euros "qui incluent la convention d'ouverture de crédit de cinq milliards d'euros bénéficiant de la garantie de l'Etat français dont trois milliards d'euros ont été tirés à fin septembre 2020", a souligné Renault dans un communiqué.

Une semaine plus tôt, lors d'une événement "produit", la directrice financière Clotilde Delbos avait expliqué que cette décision ne traduisait pas un problème de liquidité.

"C'est un prêt qui tombe à échéance en fin d'année, si on ne le tire pas il n'existe plus, et je pense qu'en tant que directrice financière ce serait un peu dommage de ne pas assurer les liquidités de l'entreprise dans les conditions que nous avons avec ce prêt", avait-elle déclaré.

Les réserves de liquidités ont cependant baissé de 1,6 milliard d'euros par rapport au 30 juin, mais Renault l'a imputé notamment à "la saisonnalité du besoin en fonds de roulement et (à du) remboursement de dettes".

LES VENTES DE LA ZOE ELECTRIQUE FLAMBENT

Le groupe au losange, qui ne donne toujours pas de prévisions pour 2020, a précisé toutefois qu'il devrait dégager un free cash-flow opérationnel de l'automobile positif au second semestre.

"Ce troisième trimestre souligne l'évolution de notre politique commerciale privilégiant désormais la profitabilité aux volumes", a déclaré le nouveau directeur général Luca de Meo, cité dans le communiqué.

Les ventes en Europe, au coeur de la stratégie du nouveau DG, ont ainsi baissé de 2,9% sur le trimestre écoulé, tandis qu'hors du continent elles ont chuté de 9% malgré la solide performance du groupe en Russie et en Turquie.

Sur le seul mois de septembre, les ventes européennes de Renault ont même rebondi de 8%. Au total, l'Europe a franchi la barre des 50% des ventes du groupe au troisième trimestre, alors qu'elle en pesait légèrement moins de la moitié sur six mois.

L'effet mix produit (+1,1 point), reflet du succès des ventes de la Zoé électrique qui ont flambé de 157,4% sur le trimestre et l'effet prix (+5,5 points), ont permis de compenser une des faiblesses structurelles persistantes de Renault, les ventes à partenaires.

Parmi les recettes de son succès passé, elles ont à nouveau amputé de 3,3 points la croissance du chiffre d'affaires à cause de "la baisse de la production de véhicules et composants". Renault approvisionne Nissan et Daimler en moteurs diesel, et assemble dans ses usines des véhicules pour leur compte.

(Gilles Guillaume, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Gilles Guillaume et Sarah White